Mehdi Taje : « Les États-Unis instrumentalisent la menace Aqmi »

Mehdi Taje est chargé d’études africaines à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (Paris).

Publié le 16 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le Burkina Faso à son tour menacé par Aqmi : vous y croyez ?

Mehdi Taje : Non. D’abord parce que les activistes d’Aqmi n’ont pas l’habitude de descendre si bas, ensuite parce que l’information provient uniquement des États-Unis et pas du Burkina Faso. Ce n’est pas impossible qu’il y ait un enlèvement, mais ce serait surprenant. Ce qui est sûr, c’est que le pays va payer cette annonce au niveau économique.

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Vous ne croyez pas aux informations distillées par les États-Unis ?

Il faut rappeler que la menace islamiste a toujours servi les intérêts des États-Unis. Comme d’autres pays occidentaux, ils instrumentalisent la menace Aqmi dans le but de contrôler les richesses de la région. Il y a beaucoup de convoitises de la part des puissances étrangères – de Pékin et de Washington notamment – sur les richesses énergétiques du Sahel. Les États-Unis, encore peu présents dans la zone, ont tout intérêt à limiter l’influence chinoise. Leur présence militaire est un atout.

Le pouvoir de nuisance d’Aqmi serait surévalué ?

Je ne nie pas qu’il y a des enlèvements, des irrédentismes, des trafics en tous genres. Et je ne nie pas la présence, surtout en Algérie, d’activistes islamistes radicaux. Mais ils représentent, à mon sens, un noyau très réduit. Et qui a peu de chances de percer : chaque fois, dans l’Histoire, qu’il y a eu des poussées islamistes dans la région, c’est resté un feu de paille, car elles se sont confrontées à un islam soufi qui baigne dans l’animisme. On se trouve surtout face à des gens qui profitent du désordre sahélien, de l’absence des États dans ces zones, pour faire du business, parfois en utilisant le nom d’Al-Qaïda. Le Sahel est un océan, et dans tout océan il y a des pirates. Aqmi relève de cette criminalité. Et c’est parce que nous sommes dans un océan que la réponse à cette criminalité ne sera trouvée que si les États coopèrent vraiment. Ce n’est pas le cas actuellement malgré les nombreux effets d’annonce.

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