Aziz en direct

Publié le 12 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Nouakchott, 4 août. Chefs de parti, hommes d’affaires ou fonctionnaires, quelque cinq cents notables endimanchés assistent, au Palais des congrès, à un show inédit dont l’intitulé aurait pu être « Le président face aux Mauritaniens ». Pendant trois heures et demie entrecoupées de deux pauses, Mohamed Ould Abdelaziz­ va se prêter, en direct, au petit jeu des questions-réponses.

Dans un salon attenant à la grande salle du Palais des congrès, le chef de l’État, costume sombre et cravate rouge, fait face à huit journalistes. Les questions n’ont rien de complaisant. « Pouvez-vous préciser le rôle de la France dans le raid militaire mené avec la Mauritanie contre Al-Qaïda, le 22 juillet ? » « Qu’avez-vous fait des 50 millions de dollars [38 millions d’euros] donnés par l’Arabie saoudite et ne figurant pas dans le budget ? »

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Aziz prend des notes sur de petites fiches avant de réagir. Parfois de manière évasive (« nos moyens étant limités pour faire face à Al-Qaïda, il est normal de faire appel à des pays amis »), parfois de manière plus précise (« le don saoudien a été alloué à l’achat d’équipements militaires ; 60 % de la somme ont été dépensés »).

Mais les citoyens « lambda » ont aussi la parole. Trente lignes téléphoniques accessibles grâce à un numéro vert sont à leur disposition. À Kaédi, dans le Sud, et à Nouadhibou, dans le Nord, les intervenants se trouvent en plateau. Dans les autres régions du pays, la télévision nationale à préenregistré des questions – c’est la seule entorse au direct.

Beaucoup en profitent pour présenter leurs doléances au « raïs » : à quand un hôpital digne de ce nom ? Une route goudronnée pour désenclaver la région ? Trop émus de s’adresser au chef sans filet, certains lui déclarent un soutien inconditionnel : « Les femmes ont compris que le président est l’homme qu’il leur faut », jure par exemple une institutrice de Kaédi.

Dans les capitales régionales, le tout est retransmis, sans incident technique majeur, sur écran géant. Et sur deux récepteurs trônant dans la grande salle du Palais des congrès. Coût de l’exercice : 40 000 euros.

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Selon Hamdi Ould Mahjoub, le ministre de la Communication, l’initiative de l’opération revient au président Mohamed Ould Abdelaziz. La date n’a d’ailleurs pas été choisie au hasard, puisque le 5 août était le premier anniversaire de son investiture. Élu au terme d’une crise politique ouverte par son putsch de 2008, l’ancien général a annoncé vouloir « rendre des comptes ». Pour lui, le bénéfice est certain. Même les observateurs les plus madrés ont salué son courage politique.

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