Aux urnes, citoyens !
Le mois d’octobre serait une date propice à l’organisation de l’élection présidentielle, malgré les nombreux défis qu’il reste à relever d’ici là.
Chrétien évangélique et conseiller spécial du président pour les affaires religieuses, le « pasteur » Sébastien Zahiri Ziki a eu le nez creux. Au mois de février, lors d’un prêche au palais présidentiel, il avait révélé que Dieu en personne lui avait fait une confidence : l’élection présidentielle se tiendrait le dimanche 31 octobre suivant, mettant fin du même coup à la « longue nuit » dans laquelle la Côte d’Ivoire se trouve plongée. Et, de fait, à l’issue du Conseil des ministres du 5 août, à Yamoussoukro, le Premier ministre, Guillaume Soro, a bel et bien convoqué le cortège électoral pour cette date, qui fera office de premier tour d’un scrutin sans cesse reporté depuis 2005. L’opposition, qui piaffait d’impatience, est au moins momentanément soulagée. Les Ivoiriens également.
Depuis deux semaines, la tension était palpable. La société civile paraissait prête à se mobiliser. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme avaient même menacé d’organiser une cérémonie de recueillement le 7 août, jour du cinquantième anniversaire de l’indépendance, si la date du scrutin n’avait pas été annoncée à cette date.
De son côté, l’opposition accusait le chef de l’État et le Premier ministre de vouloir retarder une nouvelle fois l’échéance, alors qu’il avait été convenu, en juin, que toutes les parties se retrouvent fin juillet pour arrêter une date. En privé, les leaders houphouétistes ne cachaient pas qu’ils préparaient leurs troupes à « arracher les élections par la rue ».
Ultimatum
Tout s’est accéléré le 2 août. Alassane Dramane Ouattara, le président du Rassemblement des républicains (RDR), et son allié Henri Konan Bédié, du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), se rencontrent, plus d’une heure durant, à la résidence abidjanaise du second. Objectif : accentuer la pression médiatique. « Nous voulons que la date de l’élection soit connue cette semaine », déclare le leader du RDR avant de lancer un ultimatum aux deux têtes de l’exécutif : « Je souhaite que le scrutin ait lieu au plus tard en octobre. »
Pour ne pas être soupçonnés d’entraver le processus, le chef de l’État et son Premier ministre multiplient les rencontres à huis clos, puis demandent à Youssouf Bakayoko, le président de la Commission électorale indépendante (CEI), de leur faire des propositions. Le 4 août, ce dernier se contente d’annoncer qu’« octobre serait la période la plus propice à l’organisation de l’élection présidentielle », avant de mettre en garde les chefs de l’exécutif quant au nombre et à l’importance des défis à relever.
Le temps presse
Pour la CEI, le pari logistique est jouable. Mais il va falloir se retrousser les manches et, surtout, ne pas perdre de temps. La commission doit d’abord régler les contentieux concernant la liste électorale provisoire, dont la publication est annoncée pour la fin du mois. Environ 90 % des opérations de vérification sont terminées, mais les politiques vont devoir se prononcer sur le cas des électeurs – on parle de 200 000 personnes – dont l’identité ivoirienne n’a pu être confirmée. La CEI devra ensuite publier la liste électorale définitive et lancer la confection des cartes d’identité et des cartes d’électeur. Enfin, elle devra rapidement choisir la société chargée de la fabrication des bulletins de vote et recruter environ 60 000 agents chargés de mener à bien les opérations de vote.
Dans la communauté internationale, un certain scepticisme prévaut quant aux chances de la CEI, qui n’a pas encore publié de chronogramme précis des opérations. En plus des obstacles techniques, on s’attend à ce que le camp présidentiel remette sur le tapis la question du désarmement des ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), qui continuent de contrôler plus de la moitié du territoire. Le regroupement et l’encasernement ont bien débuté dans la région de Korhogo, mais, faute de financement, nulle part ailleurs. L’accord complémentaire de Ouagadougou, signé fin 2008, prévoit pourtant que cette opération devra être achevée deux mois avant le scrutin. Le chef d’état-major des FN, le général Soumaïla Bakayoko, réclame 5,5 milliards de F CFA (8,4 millions d’euros), mais l’État n’a toujours pas mis la main à la poche.
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