Mais qu’est-ce qu’ils attendent ?
À quand le second tour de l’élection présidentielle ? Depuis plus d’un mois, la Guinée attend qu’une date soit annoncée, mais, le 3 août, la Cour suprême a accordé un nouveau délai à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), à qui revient in fine la décision. La cour n’en précisant pas la durée, la balle est désormais dans le camp de ladite commission.
Tout cela ne plaît pas du tout au général Sékouba Konaté, le président de la transition, qui, dit-il, est devenu le « prisonnier des divergences entre les acteurs du processus ». « Si j’avais su que la politique était si compliquée et que je rencontrerais autant d’obstacles, jamais je n’aurais accepté de conduire cette transition », a-t-il confié, le 3 août à Conakry, à Blaise Compaoré, le chef de l’État burkinabè, qui joue les médiateurs dans la crise guinéenne.
Déclarations alarmistes
Mais le « Tigre » (surnom que lui a valu son ardeur au combat), que certains soupçonnent de vouloir profiter de la confusion pour conserver son fauteuil, ne renonce pas pour autant à mener sa barque à bon port. Pour faire pression sur la classe politique, il n’a pas hésité à impliquer la communauté internationale. Outre Compaoré, il a consulté le président sénégalais, Abdoulaye Wade, et, le 4 août, a rencontré, séparément, les ambassadeurs des États-Unis et de France, à qui il a fait part des menaces pesant sur le processus électoral en raison de l’incapacité des différents acteurs à s’entendre sur son déroulement. Il leur a également demandé de faciliter le dialogue entre les vainqueurs du premier tour, Cellou Dalein Diallo (43 % des suffrages) et Alpha Condé (18 %). Une démarche bien accueillie par la communauté internationale, préoccupée par les déclarations alarmistes d’Alpha Condé et du Premier ministre, Jean-Marie Doré.
Au cours d’une rencontre avec la presse, ce dernier a en effet indiqué que, pour éviter les dérives, notamment ethniques, il ne laisserait pas le second tour se tenir dans de mauvaises conditions. « Je ne veux pas d’un scénario à la kényane », a-t-il dit, allusion aux violences postélectorales dans ce pays, au début de 2008. Comme Alpha Condé, Doré exige des garanties sur le bon déroulement du scrutin. Et l’opposant historique de menacer de « faire descendre [ses] gens dans la rue » si les opérations de vote n’ont pas lieu de manière satisfaisante.
Des « Forces vives » bien passives
La Guinée est donc une nouvelle fois en pleine incertitude, et le silence des autres protagonistes de la crise n’est pas pour rassurer. Avant tout préoccupés par le petit jeu des alliances en vue d’accéder au pouvoir, ils ne jouent pratiquement plus aucun rôle dans la transition. Le Forum des forces vives de Guinée (FFVG), qui regroupe partis politiques, syndicats et représentants de la société civile, était en 2009 très soutenu par les principaux leaders de l’opposition. Le FFVG avait pourtant été à l’origine de la manifestation du 28 septembre au grand stade de Conakry, qui, comme l’on sait, fit quelque deux cents morts. Ce tragique événement aboutit à la déclaration de Ouagadougou du 15 janvier, qui posait les bases de la transition, et à une mobilisation internationale en faveur de la Guinée.
Mais depuis, plus rien ou presque. Les Forces vives n’ont jamais paraphé cet « accord » et n’ont pas exigé l’application de ses recommandations parmi lesquelles la mise en place d’un organe de « suivi, d’évaluation et d’accompagnement ». Quant au projet d’accord politique global interguinéen, qui aurait dû être signé après le massacre du 28 septembre, il est tout simplement tombé aux oubliettes. Outre la recherche des disparus et l’indemnisation des victimes, il prévoyait la création d’un Cadre national permanent de concertation (CNPC). Et si la classe politique comptait parmi les fossoyeurs de la démocratie ?
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