Mascarade raciste

Publié le 4 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Deux ans après la diffusion sur YouTube d’une vidéo mettant en scène de manière humiliante des employés noirs d’un campus sud-africain, les dirigeants de l’établissement sont accusés de racisme. Quatre anciens étudiants blancs de l’université du Free State ont en effet tourné, en 2007, puis diffusé l’année suivante un film amateur qui a suscité l’indignation. Une plainte a été déposée. Le 30 juillet, le tribunal de Bloemfontein a condamné les accusés à une amende de 2 000 euros ou, au choix, à douze mois d’emprisonnement.

Dans la vidéo, présentée comme une parodie de bizutage, cinq employés (un jardinier et quatre femmes de ménage) sont présentés dans différentes situations. Dans l’une d’elles, ils absorbent un liquide dans lequel l’un des Blancs aurait préalablement uriné. Lors de l’audience, le 27 juillet, les accusés ont plaidé coupable d’atteinte à la dignité des employés, mais affirmé avoir seulement fait semblant d’uriner.

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Parallèlement, des étudiants accusent la direction de l’université de favoriser les inscriptions de Blancs. Le 29 juillet, Gugu Ndima, de la Ligue communiste, a demandé l’intervention du ministère de l’Éducation : « Il y a une vraie politique raciste à l’université du Free State. Elle vient par exemple d’augmenter le nombre de points requis lors de l’admis­sion. Or nous demandons depuis plusieurs années que l’université tienne compte du fait que les lycéens issus de milieux défavorisés, donc noirs, obtiennent généralement un score inférieur pour la simple raison qu’on ne leur a enseigné que six ou sept matières, contre dix ou onze dans les lycées privés. »

L’université du Free State a été fondée il y a cent cinq ans au cœur du pays afrikaner. En 1994, après l’avènement de la démocratie multiraciale, elle s’est ouverte aux étudiants noirs, qui représentent aujourd’hui 65 % de ses effectifs. Mais dans les résidences du campus, chaque groupe racial a continué de vivre séparément jusqu’à l’instauration de la mixité, en janvier 2008.

Les auteurs de la vidéo, RC Malherbe, Johnny Roberts, Schalk van der Merwe et Danie Grobler, ont aujourd’hui entre 22 ans et 25 ans. Opposés à la mixité, ils s’étaient servis de leur film pour faire passer le message à l’intérieur du campus. Sa diffusion sur YouTube, en 2008, avait entraîné leur suspension de l’université, mais aussi le renvoi du recteur blanc. Un an plus tard, Jonathan Jansen, le nouveau recteur métis, avait suscité de nombreuses critiques en autorisant leur réintégration au nom de l’harmonie raciale.

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