« Si j’étais président, j’utiliserais l’argent pour aider les pauvres, au lieu de gaspiller des millions pour faire la guerre. Je travaillerais jusqu’à ce que la famine disparaisse et que toutes les religions se tiennent la main. » Écrite et interprétée par Wyclef Jean, l’ex-chanteur des Fugees, cette chanson-programme date de 2008. Sera-t-elle prémonitoire ?

Selon la chaîne CNN et le site canadien LeDroit, le rappeur américain d’origine haïtienne avait entamé des démarches administratives en vue de se présenter à l’élection présidentielle du 28 novembre dans son pays natal. Il a jusqu’au 7 août, date limite du dépôt des candidatures, pour obtenir une dérogation, la loi haïtienne faisant obligation aux candidats de résider dans l’île depuis au moins cinq ans. Un communiqué publié par sa famille le 27 juillet précisait que le chanteur n’avait pas encore pris de décision définitive, mais que « son engagement pour Haïti n’a pas de limites, qu’il soit ou non membre du futur gouvernement ».

Il semble que Wyclef Jean ait aujourd’hui pris sa décision : CNN a annoncé, le 4 août, qu’il se déclarerait candidat officiellement le 5 août dans l’émission « Larry King Live ».

Né en 1972 à Croix-des-Bouquets, près de Port-au-Prince, Wyclef Jean a émigré à New York à l’âge de 9 ans, où il entreprendra une brillante carrière de chanteur (il a vendu 31 millions d’albums). Mais il n’a jamais oublié d’où il vient. En 2005, il a lancé la fondation Yéle Haïti, qui finance des projets dans l’éducation, la santé ou l’environnement. Deux ans plus tard, il a été nommé ambassadeur de bonne volonté par le président René Préval. Après le séisme qui a fait 300 000 morts le 12 janvier dernier, Wyclef Jean s’est beaucoup impliqué dans l’organisation des secours et a mobilisé ses amis du show-business pour recueillir des fonds et sensibiliser le grand public.

En dépit de sa popularité chez les Haïtiens, Wyclef Jean n’aura pas la tâche facile s’il vient à se présenter. Pour nombre de ses compatriotes, il reste en effet « un Américain ». D’autre part, son inexpérience politique constitue un sérieux handicap. Enfin, il risque de devoir affronter… son propre oncle, Raymond Joseph, ambassadeur d’Haïti aux États-Unis et lui aussi possible candidat à la présidentielle.