Rossignol bamiléké
Récemment, sa mère lui disait encore : « Quand vas-tu trouver un vrai métier ? » Kareyce Fotso est de ces enfants terribles dont l’idée de vouloir à tout prix chanter donne bien du souci aux parents. Elle aurait pu sagement continuer ses études à Yaoundé et leur faire plaisir, mais voilà, la petite Kareyce, un beau jour, a eu la tête ailleurs. À qui la faute ? Angélique Kidjo.
« Quand je l’ai entendue la première fois, je me suis dit, c’est ça que je veux faire ! » raconte la jeune artiste. Depuis, elle s’est fait connaître au pays en chantant avec Sally Nyolo ou Korongo Jam, le groupe d’Erik Aliana. Elle entre en scène sous son nom en 2009, aux Jeux de la francophonie, à Beyrouth, obtient cette année-là le deuxième prix aux Découvertes de RFI.
Elle chante en s’accompagnant d’une guitare, d’une sanza, d’un tambour de bois. Des ballades et des mélodies pour danser, donnant dans la légèreté ou qui font réfléchir. Elle raconte Solange, la voleuse de mari (« Pac-ler Française » ; une verve humoristique rappelant Francis Bebey ou Zao), interpelle les candidats au départ vers un ailleurs qu’ils rêvent meilleur, dénonce les mariages forcés, l’exploitation abusive de la forêt.
Elle chante en ewondo, en français, en anglais et en bamiléké, la langue de sa région natale, dans l’ouest du Cameroun. Un parler souvent considéré comme honteux, parce que peu joli, saccadé, raconte Kareyce Fotso. Une langue qu’elle n’osait pas utiliser à Yaoundé. Jusqu’au jour où elle a décidé, au contraire, d’en être fière et de la faire chanter.
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