Ombre et lumière sur les éminences grises

Le souverain s’est entouré de conseillers aussi influents que discrets. Portraits de quelques incontournables et fidèles serviteurs.

Deux proches du roi : Mohamed Rochdi Chraïbi (à g.) et Mohamed Mounir El Majidi. © AIC Press/Alexandre Dupeyron pour J.A.

Deux proches du roi : Mohamed Rochdi Chraïbi (à g.) et Mohamed Mounir El Majidi. © AIC Press/Alexandre Dupeyron pour J.A.

Publié le 5 août 2010 Lecture : 3 minutes.

La méthode Mohammed VI
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La méthode Mohammed VI

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Le style M6, qui fascine, c’est aussi une équipe ramassée, considérée comme le bras armé de la volonté réformatrice du Palais. On ne prête qu’aux riches et ceux qui sont considérés comme ayant « l’oreille du roi » sont, souvent à raison, parfois à tort, perçus avec une pointe de respect craintif tant par l’establishment politique que par les milieux d’affaires, qui savent où se trouvent les vraies clés du pouvoir au Maroc.

Qui sont ces grands commis du Makhzen ? La composition de leur équipe alimente toutes les conversations et les rumeurs de la saison des cocktails diplomatiques de Rabat. Un nom revient avec constance : celui de Mohamed Mounir El Majidi, surnommé 3M. Secrétaire particulier du souverain, il est également chargé de la gestion de la fortune privée royale à travers le holding Siger/Ergis, présent dans tous les secteurs stratégiques de l’économie marocaine.

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Le pool diplomatique des festivals

Formé au management à l’américaine, pragmatique, rigoureux en affaires et symbole d’une brillante génération de quadras technocrates, Majidi est également un acteur clé de la réputation d’ouverture et de modernité du royaume. Président du festival musical Mawazine de Rabat, il a réussi à faire de cet événement une véritable vitrine de l’attractivité marocaine. Des stars mondiales comme le Britannique Elton John ou l’Américain B.B. King, mais aussi des icônes de la scène arabe, comme l’Algérienne Warda, ont accepté de s’y produire, portant haut le drapeau étoilé marocain.

Cette diplomatie des festivals a également dépassé tous les espoirs avec les rendez-vous désormais incontournables de Fès (musiques sacrées) ou d’Essaouira (Gnawas), promus par une autre personnalité du Palais, le conseiller économique André Azoulay, dont le carnet d’adresses international exceptionnel est un garant de sa longévité (il vient de fêter ses 69 ans). Tout comme son engagement en faveur du dialogue des cultures entre l’Occident et l’Orient et d’une solution politique au conflit israélo-palestinien, deux fondamentaux de la politique étrangère marocaine depuis Hassan II, dont il était, déjà, conseiller économique.

De confession juive, André Azoulay, qui est la cible régulière des islamistes radicaux et des faucons israéliens, a toujours pu compter sur le soutien du Palais. Parmi les vétérans du précédent règne, l’universitaire et politologue Mohamed Moâtassim – « la plume » du roi, qui rédige ses discours – fréquente les arcanes du Makhzen depuis 1995 et s’occupe du dialogue entre le Palais et la classe politique.

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Le cercle des quadras

Au sein du premier cercle figure également Mohamed Rochdi Chraïbi, 47 ans, considéré comme le directeur de facto du cabinet royal. Juriste de formation, fin connaisseur des complexes rouages de l’administration territoriale marocaine, Chraïbi, qui fut secrétaire particulier de Mohammed VI quand celui-ci était prince héritier, a également partagé les bancs du Collège royal avec le futur souverain.

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Autre éminence grise issue du Collège royal, Mohamed Yassine Mansouri, 47 ans également, considéré comme le Monsieur Sécurité du royaume depuis sa nomination, en 2005, à la tête de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), les services secrets extérieurs. Affable et discret, Mansouri a contribué à moderniser les renseignements marocains, jusque-là réputés pour leur opacité et leur brutalité. Il porte une attention toute particulière aux développements du dossier du Sahara occidental et de l’un de ses corollaires : les relations avec les pays africains. Avant de faire le ménage dans l’appareil d’espionnage légué par Hassan II, il a fait la preuve de sa polyvalence et de son efficacité en dirigeant l’agence officielle Maghreb arabe Presse (MAP).

Enfin, le casting de l’équipe royale, même s’il est toujours évolutif en fonction des jugements et des humeurs de Sa Majesté, serait incomplet sans qu’il soit fait mention de Fouad Ali El Himma. Systématiquement présenté comme « l’ami du roi » par les médias, El Himma, 47 ans lui aussi, a d’abord servi Mohammed VI en tant que ministre délégué à l’Intérieur, de 1999 à 2007. En animant le Parti Authenticité et Modernité (PAM), El Himma a, en l’espace de trois ans, bouleversé la carte politique du royaume, au contact direct de la population et du puissant tissu associatif.

La création du PAM s’est faite au détriment des grands partis historiques (USFP et Istiqlal notamment), avant tout pour contrer la progression des formations islamistes. Très exposé publiquement en raison de cet engagement, El Himma continue néanmoins d’entretenir des relations privilégiées avec Mohammed VI. Les deux hommes, qui, là encore, se sont connus au Collège royal, ne discutent pas seulement de l’activité parlementaire et du calendrier électoral. Même sorti de l’ombre, El Himma fait toujours partie intégrante du Palais.

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