Nacer Mehal, un ministre africaniste
Nommé fin mai, le nouveau ministre algérien de la Communication a derrière lui une longue carrière de journaliste. Son chantier le plus complexe : le lancement de la télévision numérique terrestre.
Recruté à l’âge de 19 ans, en juillet 1964, comme reporteur-stagiaire à l’agence Algérie Presse Service (APS), Nacer Mehal y a gravi tous les échelons. Journaliste dans l’âme, le natif de Mostaganem (350 km à l’ouest d’Alger) aime à se présenter comme un enfant de la corporation. La seule infidélité commise à l’égard de son métier a duré un lustre : de 1984 à 1988, il est rattaché au cabinet d’Abdelhamid Brahimi, alors Premier ministre. Il revient à ses premières amours, l’APS, dont il est nommé chef de bureau à Washington, puis rédacteur en chef et directeur de l’information.
En 2000, Abdelaziz Bouteflika lui confie la direction générale de l’agence, avec cette recommandation pour feuille de route : « Je veux une agence de presse au top. » Nacer Mehal s’y attelle avec bonheur, modernise l’outil, introduit les nouvelles technologies et rajeunit l’encadrement.
Ces performances lui ont valu d’être nommé, le 28 mai dernier, à la tête du ministère de la Communication. En pénétrant dans la grande salle du palais d’El-Mouradia, où siège le Conseil des ministres, il n’était pas si impressionné que cela. « J’ai régulièrement couvert les activités des présidents algériens, d’Ahmed Ben Bella à Abdelaziz Bouteflika, en passant par Houari Boumédiène et Chadli Bendjedid. Je n’avais pas d’appréhension ou de trac. En revanche, le souvenir de mon premier article publié et signé de mon nom est remonté à la surface. C’est ce qui m’a mis le pied à l’étrier. »
Nacer Mehal a une autre particularité : il est considéré comme le meilleur africaniste parmi les journalistes algériens. Pour avoir ouvert, au milieu des années 1970, le bureau d’APS à Dakar, il a eu à couvrir tous les sommets de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, remplacée en 2002 par l’Union africaine), à interviewer les grands leaders du continent, d’Houphouët-Boigny à Julius Nyerere, d’Amílcar Cabral à Agostinho Neto. Il ne s’intéressait pas uniquement aux palais présidentiels, mais aussi à la brousse et aux maquis. Sa proximité avec Abdoulaye Wade, alors dans l’opposition, lui a valu le courroux de Senghor, qui le déclare persona non grata au Sénégal. Son meilleur souvenir de journaliste ? Ses quatre ans à la tête du bureau de Washington : « Entre la Maison Blanche et la Maison de verre [le siège de l’ONU, NDLR], le Pentagone et le département d’État, de K Street [le quartier des lobbyistes, à Washington, NDLR] à Wall Street, c’était la période la plus faste en matière d’apprentissage du métier. »
Les défis qui attendent le nouveau ministre sont nombreux. Nacer Mehal en a conscience : mettre à niveau la législation, réglementer le secteur de l’information, doter les journalistes d’un statut et d’une carte de presse digne de ce nom, instituer un véritable Office de justification de la diffusion (OJD), organiser le marché de la publicité. Mais le chantier le plus compliqué sera celui de l’audiovisuel. Le lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) est programmé pour le printemps 2011. Techniquement, les capacités de diffusion au niveau national seront de 48 canaux. Il ne reste plus qu’à créer de nouvelles chaînes thématiques et les conditions pour la production de contenus.
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