Si le cinquantenaire m’était conté

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Publié le 4 août 2010 Lecture : 3 minutes.

Côte d’Ivoire, en quête d’unité
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Côte d’Ivoire, en quête d’unité

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Bals, défilés, feux d’artifice… En ce 7 août 1960, la Côte d’Ivoire est en liesse. À la tribune de l’Assemblée nationale, Félix Houphouët-Boigny proclame l’indépendance. « Les spoutniks et les fusées sillonnent l’espace », rappelle le ministre Louis Jacquinot, représentant du général de Gaulle. Mais, ajoute-t-il, les sciences ne sont pas tout : c’est aux hommes de prendre leur destin en main. Et, désormais, aux Ivoiriens « de faire mûrir au soleil chaud d’Afrique la liberté, l’égalité et la fraternité ». Programme un brin paternaliste que ne reniait certes pas un Houphouët ministre d’État en France avant de devenir le « père de la nation », et qui ne s’était résolu à l’indépendance qu’à contrecœur.

Liberté, égalité, fraternité. En cinquante ans, les Ivoiriens n’y sont pas toujours parvenus. Au « miracle » des années 1960-1970 ont succédé crises politiques, effondrement des cours du cacao et poussées xénophobes. Mais que de créativité, du théâtre au coupé-décalé, du roman-patchwork au nouchi, argot des rues adopté par la jeunesse branchée !

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Tous ces aspects sont évoqués dans le numéro spécial que J.A. consacre à ce 50e anniversaire, jalonné d’images, de textes et de témoignages rares. Comme cette interview de Georges Ouegnin, qui fut le chef du protocole d’Houphouët-Boigny pendant ses trente-trois ans de présidence. L’homme des missions secrètes parle, enfin, de ce président qui rêvait de faire de la Côte d’Ivoire « un pays émergent ». Houphouët et ses pairs, Houphouët et l’apartheid, Houphouët intime… Rien n’est éludé dans cet entretien, qui éclaire d’un jour nouveau la figure tutélaire de la nation.

Après avoir été décrié dans les années 1990, le « Vieux » est de retour, nous explique Fabienne Pompey, auteure d’un portrait du défunt chef de l’État. « Qu’ils soient d’anciens fidèles ou d’anciens opposants, ils sont tous, aujourd’hui, les enfants d’Houphouët », devenu le symbole d’une prospérité enfuie.

Il est arrivé au matois planteur de se tromper. « Toi, Gbagbo, tu ne seras jamais rien en Côte d’Ivoire », lance-t-il à son opposant en 1988. Lequel, depuis, a fait une assez jolie carrière – longuement évoquée dans ces pages. Entre-temps, les « héritiers » (Bédié le dauphin, Ouattara l’éternel candidat et Gueï le putschiste) ont occupé le devant de la scène. L’histoire n’est pas terminée pour les deux premiers. Elle s’est achevée tragiquement pour le troisième, qui prétendait tout régler, des problèmes de circulation routière aux déboires de l’équipe de foot.

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Mais comment « tout régler » dans un État créé par le colonisateur à partir d’une mosaïque de peuples qui, depuis le paléolithique, se sont brassés, mêlés et parfois détestés, comme le montre avec brio l’historien Pierre Kipré, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France ?

La France, justement, dont « aucun pays d’Afrique n’aura été plus proche et dont aucun ne se sera éloigné avec autant de vigueur », souligne François Soudan. Il n’empêche : hier amour, aujourd’hui rancœur, la relation reste passionnelle. Ses épisodes les plus marquants sont ici analysés à la loupe.

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Zoom, ensuite, sur la ville d’Abidjan, dont Théophile Kouamouo nous conte l’histoire avec verve, sur la futuriste Yamoussoukro et sur un superbe portfolio, « Les classes moyennes à Abidjan », du photographe Joan Bardeletti. « Être africain, c’est une question, pas une réponse », conclut le dramaturge Koffi Kwahulé. Un moment de grâce, qui donne envie de lire l’une de ses pièces : Misterioso-119, par exemple, vous connaissez ?

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Le pont Charles-de-Gaulle à Abidjan, en 2009. © Nabil Zorkot/Profoto

Côte d’Ivoire : en quête d’unité