Tagro : l’affaire qui fait « pschitt »

Accusé de népotisme et de corruption, le ministre de l’Intérieur a été innocenté, le 19 juillet, par l’enquête menée par le procureur de la République.

Le ministre ivoirien de l’Intérieur, Désiré Tagro. © AFP

Le ministre ivoirien de l’Intérieur, Désiré Tagro. © AFP

Publié le 29 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Blanc comme neige… C’est la conclusion, rendue publique le 19 juillet, de l’enquête diligentée par les services du procureur de la République, Raymond Tchimou, pour statuer sur les accusations de tribalisme, de népotisme et de corruption portées contre le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro. Une enquête qui avait été demandée, fin juin, par le chef de l’État, à la suite des attaques lancées par le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, dans la presse et dans les réunions du Front populaire ivoirien (FPI, parti du président).

Mamadou Koulibaly reprochait notamment au « premier flic » du pays de recruter les policiers sur une base tribale, d’avoir détourné l’argent destiné aux pèlerins allant à La Mecque et une partie de celui versé par la société Trafigura pour l’indemnisation des victimes des déchets toxiques. Désiré Tagro était aussi soupçonné d’avoir perçu des pots-de-vin de la Sagem, la société française chargée du recensement des électeurs.

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Sorti du gôpô avec succès

Ces accusations n’avaient pas manqué de diviser le FPI et d’alimenter les médias sur une guerre de succession qui ne disait pas son nom. Désiré Tagro, lui, se réjouit d’avoir traversé l’épreuve de vérité – le gôpô, dans la tradition bétée – avec succès. Et l’affaire semble définitivement close puisque le Parlement a renoncé à mettre sur pied une commission d’enquête après le désistement d’une partie des députés du FPI. Le 20 juillet, le revirement a provoqué de vifs échanges au sein de l’hémi­cycle entre les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition, qui dénoncent une parodie de justice avec un procureur aux ordres du chef de l’État et qui boucle quatre dossiers importants en moins d’un mois.

Le ministre de l’Intérieur a, pour sa part, toujours clamé son innocence et voyait, derrière ces attaques, une cabale menée par son rival dans la région d’Issia, Paul Antoine Bohoun Bouabré, ministre du Plan et du Développement. Une rivalité qui devrait s’amplifier à l’occasion des élections locales et législatives qui suivront rapidement la présidentielle.

Pourtant, Désiré Tagro a décidé de faire profil bas et prétend ne pas nourrir de projet de vengeance. « Il a retenu la leçon et a compris que certains caciques du FPI lui reprochaient son arrogance après avoir gravi, un peu trop vite, les échelons du pouvoir, explique l’un de ses proches. Il va en tenir compte et changer d’attitude. » Premier geste d’apaisement, le patron des polices a chargé Abou Drahmane Sangaré, vice-président du FPI, d’organiser une rencontre avec Mamadou Koulibaly pour sceller leur réconciliation.

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