Soyinka entre en politique
![L’écrivain nigérian Wole Soyinka, en 2007. © Yohanne Lamoulère/Transit pour J.A](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/07/29/029072010125510000000soyinkabis.jpg)
L’écrivain nigérian Wole Soyinka, en 2007. © Yohanne Lamoulère/Transit pour J.A
La politique, très peu pour lui, assurait Wole Soyinka. « J’ai décidé de ne jamais briguer de mandats », avait-il même affirmé à Jeune Afrique, en novembre 2007. Trois ans plus tard, il a changé d’avis.
C’est au cours des festivités marquant son 76e anniversaire, le 20 juillet, que le lauréat nigérian du prix Nobel de littérature (1986) a annoncé son intention de créer son propre parti. La déclaration fut brève. Lui qui disait ne pas être attiré par le pouvoir a simplement fait savoir qu’il emmènerait sa formation à l’élection présidentielle nigériane prévue début 2011.
Conscient que « [sa] génération a déçu la nation », Wole Soyinka a appelé les Nigérians à rejoindre ce parti, qu’il conçoit comme un « organe de collaboration pour les forces progressistes » et qui verra officiellement le jour en septembre. Son objectif : détrôner le Parti démocratique du peuple, au pouvoir depuis le retour de la démocratie, en 1999. Et il peut déjà se targuer d’une prise de choix : Nuhu Ribadu, l’ancien chef de l’agence anticorruption. Revenu au Nigeria en juin, après un an et demi d’exil, ce dernier s’est mis à dos des personnalités influentes dans le cadre de sa lutte contre les malversations et les abus.
Homme de lettres mais aussi dissident politique, Wole Soyinka est un éternel pourfendeur de la corruption qui gangrène la classe politique nigériane. Volontiers iconoclaste, il s’est élevé contre les dictatures et les coups d’État militaires dont son pays était coutumier jusqu’au tournant des années 2000. Prison, torture, exil, condamnation à mort : il a vécu le pire. Après le scrutin présidentiel de 2007, il avait encore dénoncé « le vol de l’élection » et la « farce » qui avait porté Umaru Yar’Adua au pouvoir. En allant, comme souvent, marcher dans les rues de Lagos et d’Abuja, aux côtés des opposants. Une énergie qui, au fil des années, a fait de Wole Soyinka la conscience morale du Nigeria.
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