Houngbédji accuse
Le candidat de l’Union fait la nation a sonné la charge contre le président Boni Yayi, attaqué sur un scandale financier.
Pas de doute, Adrien Houngbédji est entré en campagne pour l’élection présidentielle béninoise prévue en avril 2011. Et pas sur n’importe quel sujet. Le candidat de l’Union fait la nation (Un) a sonné la charge, le 16 juillet, contre le président Boni Yayi sur un scandale financier qui tourne à l’affaire d’État : les « Madoff béninois ».
Déclaration soigneusement rédigée en accord avec la direction de la coalition de l’opposition, lecture solennelle devant micros et caméras, l’avocat Houngbédji s’est transformé en procureur intraitable, estimant que le chef de l’État devait rembourser « de sa poche » les épargnants floués puis être poursuivi devant la Haute Cour de justice. On estime à plus de 100 milliards de F CFA (152 millions d’euros) l’argent collecté par une dizaine d’établissements proposant, en toute illégalité, des rémunérations à plus de 200 %. Les premiers servis, dès 2006, ont profité de ce système pyramidal. Les suivants ont tout perdu lorsque la bulle a éclaté.
Faire toute la lumière sur l’affaire
« J’ai listé des faits incontestables qui prouvent que la responsabilité du pouvoir est engagée », nous a expliqué le candidat de l’Un, faisant allusion à la lenteur avec laquelle les autorités se sont emparé du dossier et à l’audience que le président a accordée en janvier dernier à l’un des escrocs présumés, Guy Akplogan, d’ICC Services. « Cette audience a cautionné le business et a rassuré les épargnants. Ce n’est pas aux contribuables de les rembourser, et nous en tirons les conclusions politiques », ajoute Houngbédji.
Après avoir fait tomber des têtes, dont le ministre de l’Intérieur et le procureur général de la cour d’appel de Cotonou, placé en détention, et lancé des poursuites contre une dizaine de personnes, dont un cousin du président, le Palais de la Marina espère avoir « maîtrisé l’incendie sur le plan politique ». « Toute la lumière sera faite, mais il est sûr qu’il y a eu des complicités au sein de l’appareil de l’État », reconnaît un proche conseiller de Boni Yayi, qui assure que cette fameuse audience portait sur la microfinance – une activité dans laquelle Akplogan, philanthrope, voulait se lancer ! Pas sûr que cela suffise à calmer les épargnants ruinés et encore moins à apaiser la détermination de l’opposition.
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