Opération Caprisa 004
« Cette découverte est une grande satisfaction », se réjouit Carole Nawina Nyirenda, coordinatrice de Citam, une association zambienne. Présentée lors de la Conférence internationale sur le sida, du 18 au 23 juillet, à Vienne (Autriche), la découverte en question est un gel microbicide destiné à prévenir la maladie. Les chercheurs y travaillaient depuis longtemps. En vain jusqu’ici.
Plus importante découverte depuis trente ans
La nouveauté de l’essai baptisé « Caprisa 004 » est que le gel mis au point contient du tenofovir, un antirétroviral utilisé dans les trithérapies. Les tests ont été menés en Afrique du Sud sur 889 femmes réparties en deux groupes, l’un bénéficiant du gel au tenofovir et l’autre d’un placébo (sans principe actif). Le gel doit être appliqué dans les douze heures précédant et suivant un rapport sexuel. Respecté scrupuleusement, ce protocole permet de réduire de 54 % le risque d’infection. En moyenne, les contaminations sont réduites de 39 %.
« C’est la découverte la plus importante depuis trente ans », confirme Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida. « Pour la première fois, les femmes pourront choisir de se protéger », renchérit le Pr Papa Salif Sow, du CHU de Fann, à Dakar. Bien sûr, il ne s’agit que de ce que, dans le jargon médical, on appelle une « preuve de concept ». Il faudra du temps avant qu’un tel gel puisse être produit et distribué. Mais on sait désormais avec certitude que la solution est efficace, sans résistance ni effets secondaires à trente mois.
« Pour cinq infections, on recense seulement deux personnes mises sous traitement. Et 33,4 millions de porteurs du VIH. Une révolution en matière de prévention est indispensable », explique encore Michel Sidibé. Selon lui, les États doivent s’efforcer de mieux connaître les caractéristiques locales de l’épidémie afin de mettre en place des moyens de prévention adaptés aux besoins ; et, bien sûr, s’investir davantage dans la prise en charge.
Traitement simplifié
En matière de traitements, des progrès considérables ont été réalisés. Plus de 5,2 millions de personnes sont aujourd’hui traitées, soit un tiers des malades. Mais, pour beaucoup de patients des pays en développement, la question se pose désormais du passage en deuxième et troisième lignes thérapeutiques, traitements encore fort coûteux. Une première ligne coûte en effet 80 dollars par an et par patient ; et une troisième, 19000 dollars. Selon Sidibé, la solution passe par l’élaboration d’un traitement simplifié, facile à prendre et non toxique, qui pourrait être produit par une coalition de firmes pharmaceutiques.
En attendant, comme le rappelle Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, « il manque, pour l’exercice 2011-2013, entre 17 milliards et 20 milliards de dollars pour assurer le budget du fonds ».
Or les gouvernements ont plutôt tendance à réduire le montant de leurs contributions. À cause de la crise, bien sûr. Le Fonds finançant la moitié des traitements dans le monde, il faut absolument une reconstitution budgétaire en octobre 2010. Faute de quoi, ce sont les malades qui paieront.
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