Les mauvais comptes de Basile Boli

L’ex-star de l’Olympique de Marseille, en 2008. © AFP

L’ex-star de l’Olympique de Marseille, en 2008. © AFP

Publié le 29 juillet 2010 Lecture : 3 minutes.

Neuilly-sur-Seine, à un jet de pierre de la capitale. Commerces chics, bâtiments anciens, haies bien taillées et allées ombragées… C’est dans cette ville cossue de l’Ouest parisien, fief de Nicolas Sarkozy, qu’Entreprendre et réussir en Afrique (ERA), l’association créée par Basile Boli, a établi ses quartiers. Depuis l’annonce des poursuites judiciaires engagées contre l’ancienne star du football français, c’est la loi du silence. Du côté des salariés d’ERA, aucune information ne filtre. Et la porte du 5, rue Boutard, siège de l’association, reste désespérément close. Fermeture estivale ou avis de tempête ?

Même en temps ordinaire, Basile Boli est, selon son entourage, « difficile à joindre ». Alors en ce moment… Mis en cause dans une affaire d’« abus de confiance et recel », il devra fournir au tribunal correctionnel de Nanterre des explications concernant l’utilisation des subventions dont a bénéficié l’association qu’il préside. Placé en garde à vue en novembre 2009, il en était sorti serein, jurant par voie de presse qu’il était « injustement soupçonné ».

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Retour en arrière. En août 2007, Basile Boli, qui s’est engagé aux côtés de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle du mois de mai précédent, crée l’association ERA. Objectif : aider les Africains contraints de vivoter en France à monter un projet viable dans leur pays d’origine.

Un mois, à peine, après sa création, l’association conclut un accord avec l’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations (Anaem), aujourd’hui rebaptisée Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Les deux parties s’engagent par écrit, la première à constituer sept cents dossiers d’aide au retour par an, la seconde à subventionner la nouvelle association à hauteur de 1,89 million d’euros sur trois ans, payables par tranches. D’entrée de jeu, 315 000 euros sont versés, et, conformément à la convention, ERA se met au travail et multiplie les actions de sensibilisation en direction des immigrés. En France, bien sûr, mais aussi dans plusieurs pays africains : Côte d’Ivoire (dont est originaire Boli), Rwanda, Sénégal. Ambitieux, Boli entre en contact avec les autorités congolaises et met en place un projet de « sommet » sur ce thème, à Brazzaville… qui restera lettre morte.

Le temps se gâte

Trois mois plus tard, à l’issue d’un audit de routine, les premiers nuages apparaissent. Sans renoncer à verser la deuxième tranche de sa subvention – un peu plus de 300 000 euros –, l’Anaem invite l’association à mettre de l’ordre dans sa gestion. Autrement dit, à mieux maîtriser ses dépenses. Au deuxième audit, le temps se gâte vraiment : l’Anaem suspend le versement des subsides et diligente une enquête plus poussée.

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En novembre 2008, les conclusions du rapport sont accablantes : gestion approximative, fonds mal utilisés, frais de fonctionnement supérieurs aux recettes… Quant au nombre de dossiers d’aide au retour, il n’atteint pas les sept cents prévus. Le contrat est dénoncé et, dans la foulée, une enquête ouverte par la Brigade de répression de la délinquance économique.

Si, dans un entretien accordé à L’Équipe Magazine au mois de janvier dernier, Basile Boli reconnaît que certaines initiatives d’ERA n’entraient pas dans la convention, il assure que les fonds ont été utilisés dans le cadre de projets d’aide au développement. Sa bonhomie et son enthousiasme l’auraient-ils conduit à quelques faux pas ? « Peut-être, glisse l’un de ses amis, mais ce n’est certainement pas un voleur. » Reste à l’ex-footballeur à convaincre les juges (la date de sa comparution n’est pas encore fixée). Il est passible de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende.

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