L’étrange histoire de Shahram Amiri

Le scientifique iranien à son arrivée à Téhéran, le 15 juillet. © EPA

Le scientifique iranien à son arrivée à Téhéran, le 15 juillet. © EPA

Publié le 21 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

« Avec l’aide de Dieu, j’ai résisté. Aucun Iranien n’aurait vendu son pays aux étrangers contre de l’argent. » Voilà comment le physicien iranien Shahram Amiri, 32 ans, résume son année passée à refuser de livrer à la CIA des informations sur le programme nucléaire de son pays. Disparu en juin 2009 en Arabie saoudite, il affirme avoir été kidnappé par de faux pèlerins et emmené de force aux États-Unis. Washington affirme au contraire qu’il était sur le sol américain de son plein gré.

Shahram Amiri est réapparu le 12 juillet au bureau des intérêts iraniens, à l’ambassade du Pakistan à Washington. Le 15, il était de retour à Téhéran. Le chercheur en radio-­isotopes a alors nié avoir travaillé sur le programme nucléaire de son pays mais n’a pas fourni les « clarifications » promises. « J’apporterai des preuves plus tard », a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse à l’aéroport, au côté du vice-ministre des Affaires étrangères.

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Dans les journaux américains, on avance l’hypothèse que Shahram Amiri est rentré pour protéger sa famille après que Téhéran aurait découvert son éventuelle trahison au profit de la CIA. En 2007 et cette année, les morts violentes des professeurs en physique nucléaire Ardeshir Hosseinpour et Massoud Ali Mohammadi avaient déjà soulevé des hypothèses radicales : soit le régime iranien voulait les empêcher de trahir, soit la CIA comptait ainsi freiner l’acquisition de la bombe par l’Iran.

Du côté de la diplomatie américaine, la conférence de presse de Hillary Clinton a révélé un malaise. Les États-Unis refusent pour l’instant de fournir des informations concernant l’entrée de l’Iranien sur leur territoire, qu’ils prétendent pourtant légale. Ils ne précisent pas non plus si Shahram Amiri informait la CIA. En outre, le porte-parole du département d’État insiste sur la nécessité de voir libérer trois de leurs ressortissants retenus en Iran. Ce qui laisse penser que les deux pays auraient pu conclure un échange dont Shahram Amiri serait le pion.

Les contradictions gangrènent une affaire inscrite au cœur de l’affrontement américano-iranien sur le programme nucléaire de Téhéran. Qui fournira le plus vite une histoire solide ? La presse américaine mène l’enquête et risque d’obliger Washington à finaliser rapidement une version officielle. Tandis qu’à Téhéran on devra fournir les preuves annoncées de la thèse soutenue par les autorités.

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