Menaces sur l’Europe

Fawzia Zouria

Publié le 24 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Rien ne va plus dans la maison Europe. Les crises se succèdent au point de gagner même les terrains de foot. Les défections se multiplient dans les rangs des disciples, si l’on en croit Benoît XVI, qui ne cesse de parler de l’affaiblissement de l’Église catholique européenne. Avec des régimes draconiens, des politiques rabat-joie, la dépréciation de l’euro par rapport au dollar, des mesures d’austérité, le mammouth fond à une vitesse vertigineuse. À quoi s’ajoutent un chômage massif, des menaces sur les services publics, des taxes sur les banques… Les cassandres de l’économie vont jusqu’à prétendre qu’une nouvelle crise est à prévoir en raison des… mesures anticrises ! Résultat : l’Italie de Berlusconi est au bord de l’anarchie ; l’Espagnol Zapatero est très bas dans les sondages ; Angela Merkel se pose des questions sur la coalition franco-allemande, qui se lézarde ; les deux communautés belges sont au bord du divorce comme dans un mauvais vaudeville ; et la France suffoque sous le poids des scandales politico-financiers. Pis, toute l’Europe n’a plus qu’un mot à la bouche : rigueur. Pendant que l’Allemagne et l’Angleterre taillent dans leurs budgets, la France réduit son train de vie. Plus de garden-parties désormais, un 14 Juillet au rabais, circulez, pas de petits fours sous les plafonds dorés.

Tout cela m’attriste. Et je proteste contre ces décisions. Car j’associe la grandeur de la France à son faste, et je confonds volontiers la République avec ses lambris. Je rêve des cours européennes, poussiéreuses et pour la forme, certes, mais remplies de leur gloire passée. J’aime croire en la puissance de l’Allemagne et au lustre de l’Italie. Par conséquent, au nom des immigrés dont je fais partie, je préviens les Européens : on n’est pas venus pour voir des Italiens disputer le pain du pauvre ouvrier étranger, des Allemands vaincus, des Français en guenilles – heureusement qu’il y avait Dati pour défendre la garde-robe des ministres de l’Hexagone –, des Anglais prêts à brader la couronne, des secrétaires d’État sans cigare, des présidents sans jet. Enfin, il faut tenir son rang, mes amis ! Et maintenir intacts nos rêves de sous-développés. Vous ne vous rendez pas compte du mal que vous nous faites en détruisant ce qu’il y a de plus précieux dans nos têtes : l’illusion d’Europe. Le rêve de l’eldorado européen. L’alibi béton de notre exil. C’est-à-dire la raison pour laquelle nous sommes partis de chez nous.

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Faites un effort pour vous ressaisir. Quant à nous, immigrés, il nous revient d’envisager deux solutions. D’abord, nous mobiliser afin de sauver le navire et de ne pas laisser tomber nos pauvres frères européens. Ensuite, prêter nos bas de laine à Dame République, cotiser pour sauvegarder le train de vie des rois et des reines, redorer le blason de l’Union européenne (UE). Sans cela, l’empire européen, toujours présent dans nos cœurs d’ex-colonisés, ne sera plus qu’une nostalgie. Il ne nous restera plus qu’à préparer nos valises et à nous apprêter à enjamber la Médi­terranée, desti­nation nos anciennes terres, lesquelles risquent de devenir le futur refuge des Européens. Nous leur accorderons l’hospitalité. Ainsi nous serons quittes devant l’Histoire.

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