Le mystère Abdel Basset el-Megrahi

Le 20 août 2009, l’Écosse provoquait l’ire des États-Unis en libérant l’ex-agent libyen pour raison de santé, afin qu’il meure près des siens. Près d’un an plus tard, il est toujours vivant. Américains et Britanniques s’en émeuvent.

Avec sa mère, sa soeur, ses fils et petits-fils, le jour de son retour à Tripoli. © Sipa

Avec sa mère, sa soeur, ses fils et petits-fils, le jour de son retour à Tripoli. © Sipa

Publié le 21 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

On le disait mourant, atteint d’un cancer de la prostate en phase terminale. Condamné à la perpétuité par la justice écossaise pour son implication dans l’attentat à la bombe contre le Boeing 747 de la Pan Am, en décembre 1988, au-dessus du village écossais de Lockerbie (270 morts), Abdel Basset el-Megrahi avait été libéré le 20 août 2009, pour des raisons médicales et humanitaires, afin qu’il finisse ses jours en Libye, auprès des siens, après que les médecins lui eurent prédit moins de trois mois à vivre. À un mois du premier anniversaire de sa sortie de la prison de Greenock, près de Glasgow, il est toujours vivant.

Karol Sikora, le cancérologue britannique qui avait alors soutenu devant les autorités écossaises qu’il y avait une probabilité de 50 % pour que le malade meure dans les trois mois, déclare aujourd’hui être « embarrassé qu’il ait survécu si longtemps ». Et il se pourrait que Megrahi vive encore dix ou même vingt ans, concède-t-il.

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Ce n’est cependant pas ce qui filtre à Tripoli, dans le quartier résidentiel de Dimashq el-Jadidah (« la Nouvelle Damas »), où Megrahi, 58 ans, entouré de son épouse, enseignante, de ses cinq enfants, de ses quatre frères et de son père, habite une villa à deux niveaux entourée d’un grand jardin. Conformément à l’accord conclu avec les autorités écossaises, Megrahi est censé être assigné à résidence dans cette demeure. Après les milliers de personnes qui, pendant une semaine, lui ont rendu visite à son retour d’Écosse, il ne reçoit plus que des proches. « Il paraît dans un état de déprime », rapporte l’un d’eux, qui croit savoir que le malade aurait cessé de se rendre au Tripoli Medical Center, où il recevait des soins de chimiothérapie, et se serait rabattu sur des herbes venues de Chine, un remède de substitution. « Sa vie est entre les mains de Dieu », se contente de répéter Seif el-Islam, le fils aîné du « Guide » libyen, qui a ramené au pays l’ex-détenu dans l’avion paternel et dont la fondation humanitaire Kadhafi, seule habilitée à veiller sur lui, est chargée de faire parvenir, chaque mois, aux autorités écossaises un rapport médical confidentiel sur l’état de santé de Megrahi. Le même Seif qui a secrètement négocié sa reddition à la justice écossaise, en 1999, et sa libération, dix ans après, à la suite d’un accord conclu sous la tente en 2004 entre Mouammar Kadhafi et l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, qui prévoyait, entre autres contrats juteux, des concessions pour la compagnie britannique BP en Libye.

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