La nouvelle génération garde la Chambre
Le 25 juillet s’est tenue la session inaugurale du Parlement des jeunes. Désormais, deux fois par an, des représentants âgés de 16 à 23 ans, élus ou désignés par les différents partis, investiront l’hémicycle.
Raed Mkadem, de Gafsa, et Chiheb el-Jaouani, de Bizerte, auraient pu ne jamais se rencontrer. L’hémicycle les a réunis à l’occasion de la tenue de la première session du Parlement des jeunes, à Tunis, le 25 juillet, jour de la fête de la République. Raed et Chiheb occupaient deux des 161 sièges attribués au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), les partis de l’opposition se répartissant les 53 sièges restants, exactement comme au sein de la Chambre des députés : 16 pour le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), 12 pour le Parti de l’unité populaire (PUP), 9 pour l’Union démocrate unioniste (UDU), 8 pour le Parti social libéral (PSL), 6 pour le Parti des verts pour le progrès (PVP) et 2 pour le mouvement Ettajdid.
Cette Année internationale de la jeunesse – décidée sur proposition de la Tunisie – est tout bénéfice pour les jeunes Tunisiens, puisque 80 % des programmes de développement de l’État leur sont destinés, essentiellement dans les domaines de l’emploi, de l’éducation et de la santé. Dans cette dynamique, une loi, adoptée en mai dernier, permet désormais aux 16-23 ans de prendre la parole à travers une instance consultative : le Parlement des jeunes. Si cette assemblée n’a pas de pouvoir législatif, sa vocation est, à travers deux sessions annuelles de deux jours (en novembre et en mars), d’initier les jeunes à la « chose publique », à la réflexion collective et à la culture politique.
C’est ainsi que les jeunes parlementaires du RCD, du MDS et du PSL ont été désignés, pour un mandat de deux ans, à la suite d’élections internes ; les autres partis ont, quant à eux, préféré désigner leurs représentants.
Certains, pour lesquels la voix des jeunes se fait déjà entendre sur internet, dans les stades ou les cafés, restent sceptiques quant à l’écho qu’aura cette instance pour résoudre les problèmes de la jeunesse tunisienne, et se demandent ce qu’elle apportera de nouveau. D’autres pensent au contraire, comme Olfa Jendoubi, jeune adhérente au RCD, que le Parlement de la jeunesse sera « un moyen de discuter des problèmes des jeunes » et de sensibiliser le législateur à leurs préoccupations.
Éducation politique
Tous s’accordent en tout cas à reconnaître que l’aspiration des jeunes au changement est paradoxalement tout aussi grande que leur désintérêt pour la politique, et soulignent la nécessité d’une sensibilisation aux valeurs de la citoyenneté et au fonctionnement de la vie politique. « Les jeunes ont beaucoup évolué, explique Karim Daoud, membre de la Chambre des conseillers (chambre haute), et il est important de les impliquer dans les choix qui construisent la société de demain, qui sera la leur. »
Bahreïn est le seul autre pays arabe à avoir déjà mis en place un Parlement des jeunes. Le Maroc a pour sa part institué un Parlement des enfants, mais qui n’a tenu que cinq sessions ordinaires depuis sa création, en 1999.
La nouvelle instance tunisienne, en s’adressant à une classe d’âge plus élevée (les 16-23 ans) et, donc, a priori plus « responsable » et directement confrontée aux problèmes des jeunes dans la société, devra confirmer la volonté de ces derniers de se forger une culture politique et d’intégrer les pratiques de la démocratie représentative. Le 25 juillet, les jeunes parlementaires ont fait leurs premiers pas en politique en élisant un président et deux vice-présidents pour cette session inaugurale.
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