Les Chabaab avaient interdit aux Somaliens de suivre les matchs de la Coupe du monde. Mais c’est en Ouganda que 73 personnes l’ont payé de leur vie : elles ont été tuées, le 11 juillet au soir, alors qu’elles regardaient la finale, lors de deux attentats perpétrés dans la capitale.

Visées internationales

Il s’agit des premières attaques revendiquées par le groupe islamiste ­Al-Chabaab­ en dehors du territoire somalien, qu’il contrôle en grande partie. Affiliés depuis trois ans à Al-Qaïda, les Chabaab font payer à Kampala sa participation à la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom). « C’est un avertissement à l’Ouganda et au Burundi : s’ils ne retirent pas leurs troupes de Somalie, les attaques continueront », a prévenu Cheikh Ali Mohamoud Rage, porte-parole des Chabaab. Déployée depuis janvier 2007, seule l’Amisom protège encore le gouvernement fédéral de transition, retranché dans un quartier de Mogadiscio.

Malgré des divergences internes entre Somaliens et « étrangers » – nombreux à avoir rallié le groupe depuis 2009 –, les Chabaab ont désormais des visées internationales. Mais « les États-Unis ou l’Union africaine ne doivent pas réagir par une surenchère militaire en Somalie. Le levier nationaliste faciliterait d’autant plus le recrutement de militants », analyse Rachid Abdi, de l’International Crisis Group. Yoweri Museveni a pourtant annoncé, dès le 15 juillet, qu’il souhaitait un renforcement des effectifs déployés sur le terrain.

Sous le choc

À Kampala, on est encore sous le choc. Jusque-là épargné par le terrorisme, l’Ouganda paie le prix de son engagement régional de ces dernières années : soutien au mandat d’arrêt international contre le Soudanais Omar el-Béchir ; accueil de la conférence de révision de la Cour pénale internationale ; participation à l’Amisom… Certains partis ont déjà réclamé le retrait des soldats ougandais de Somalie, et l’opposition utilisera probablement ces attentats pour ternir l’image de stabilité du régime de Yoweri Museveni, à l’approche des élections de 2011.

L’Union africaine doit désormais trouver comment endiguer la propagation des Chabaab en Afrique de l’Est. Nul doute que la question sera évoquée lors du 15e sommet de l’organisation, qui se tient justement à Kampala, à partir du 19 juillet.