De retour en Côte d’Ivoire

Dans son dernier roman, Véronique Tadjo évoque le difficile retour au pays natal d’une Ivoirienne qui redécouvre le poids des traditions.

« Loin de mon père », de Véronique Tadjo, Actes Sud. © D.R.

« Loin de mon père », de Véronique Tadjo, Actes Sud. © D.R.

Publié le 18 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

« Dans tout ce que j’écris, la question fondamentale reste la même : comment aborder des sujets brûlants tout en produisant un texte littéraire », déclarait récemment Véronique Tadjo à l’occasion de la parution de Loin de mon père. Il faut lire le dernier roman de l’Ivoirienne en gardant ce précieux secret de fabrication en tête. Même si la redécouverte du père – thème central de l’intrigue – ne se superpose pas toujours avec bonheur à celle du pays perdu, apparemment condamné au chaos. Le pays en question, c’est la Côte d’Ivoire, où Nina revient pour organiser les funérailles de son père. Nina est une jeune femme métisse qui a fait le choix de vivre en France, le pays de sa mère. Après une longue absence, elle foule de nouveau sa terre natale, où elle a grandi et connu ses premiers émois amoureux. Mais Abidjan a changé. Nina finit par se sentir étrangère chez elle.

Thème postcolonial par excellence

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« Ai-je vraiment perdu mon pays ? » se demande-t-elle avec un profond sentiment de culpabilité et de désarroi. Le thème de la perte du pays croise celui de la perte du père, d’autant que la protagoniste va rapidement découvrir qu’elle ne le connaissait pas vraiment. À travers les commérages et les non-dits, mais aussi son journal intime, elle démasque la face cachée de son père, ses angoisses, ses désespoirs, ses relations extraconjugales…

Le retour au pays natal est un thème postcolonial par excellence. Aimé Césaire en fit une exploitation magistrale. Le poète martiniquais a donné sens à la réintégration du sujet colonial dans le « pays perdu » après une période passée en métropole. De situation dramatique, elle est devenue une étape essentielle de la découverte de soi. Il y a quelque chose de cela dans le roman de Véronique Tadjo, qui décrit avec talent le poids des traditions ancestrales, le temps immobile et le sentiment du désastre à venir. Plongée à corps perdu dans l’exploration de son passé et dans celle de son pays menacé de dislocation, Nina saura-t-elle retrouver le chemin de la vie ?

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