Les chantiers du quinquennat
La relance de l’économie était une promesse du président Faure Gnassingbé, réélu en mars pour un second quiquennat. Elle passe notamment par le soutien des filières agricoles et minières.
Début de deuxième mandat difficile pour Faure Gnassingbé. À peine deux mois après son investiture, le 3 mai, suivie quelques semaines plus tard de la formation d’un nouveau gouvernement, deux importants mouvements sociaux ont été évités de justesse : celui de l’intersyndicale des travailleurs contre la hausse des prix des carburants (une manifestation a tout de même fait au moins un mort) et celui des syndicats des professionnels de la santé, qui réclament de meilleures conditions de travail.
« Les différentes couches socioprofessionnelles semblent vouloir rappeler au président que la relance économique a été la promesse phare de sa campagne. Au début de ce nouveau quinquennat, aucune d’entre elles ne veut être laissée pour compte », analyse un cadre du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir). Depuis le retour des partenaires du développement (FMI, Banque mondiale, Union européenne), en 2007, les attentes de la population sont grandes. Leur satisfaction ne passera, outre l’aide internationale, que par le redécollage de l’économie.
Encaissement de 16,7 millions d’euros en prévision
Pour l’instant, si l’on en croit les prévisions de la Banque africaine de développement, le PIB progressera de 2,5 % en 2010, soit 0,3 point de plus qu’en 2009. « Une reprise modeste que l’on doit à l’augmentation de la production agricole, soutenue par l’État », explique le ministre de l’Économie et des Finances, Adji Otèth Ayassor. « L’aide à l’agriculture reste la priorité de ce mandat, car c’est la base de tout développement », ajoute un conseiller économique du président.
Pour 2011, le Togo table sur une croissance de 3,6 %. Et le FMI, qui recommande au gouvernement plus d’efforts dans l’assainissement des finances publiques, a approuvé, fin juin, une augmentation d’environ 13 millions d’euros des ressources mises à disposition du pays, qui, de fait, s’apprête à encaisser 16,7 millions d’euros, ce qui achèvera l’accord triennal du programme de Facilité élargie de crédit (FEC) conclu en 2008.
Les défis restent nombreux
Malgré ces projections encourageantes, les défis restent nombreux et délicats à négocier. Il s’agit en priorité de remettre en route les filières pourvoyeuses de devises (phosphate et coton), plombées par plusieurs années de mauvaise gestion. En 2009, la Société nationale des phosphates du Togo (SNPT) n’a produit que 700 000 t de minerais, contre les 850 000 prévues. Déjà, en 2008, la production (842 000 t) était inférieure à l’objectif initial de 1 million.
Mais le gouvernement se veut rassurant. En juin, le Premier ministre Gilbert Houngbo a indiqué qu’un programme d’investissement de 116 millions d’euros sur trois ans devrait permettre d’atteindre 3 millions de t de phosphates en 2013, soit le niveau des années 1980. « La réorganisation managériale de la filière effectuée l’année dernière et l’investissement de quelque 12 milliards de F CFA [18,3 millions d’euros, NDLR] engagés pour le renouvellement d’une partie de l’outil productif devront permettre un vrai redécollage en 2012 », assure Étienne Bafaï, président du conseil d’administration de la SNPT.
Elargir l’assiette fiscale
Outre la relance de la filière coton, amorcée en 2009 avec la création d’une nouvelle société détenue à 60 % par l’État, les autorités togolaises ont l’obligation de restaurer les infrastructures routières pour permettre au port de Lomé d’attirer à nouveau du trafic. L’effondrement de ponts, notamment, à la suite des inondations qui ont frappé le pays en 2008 a pénalisé l’acheminement de marchandises vers l’hinterland et réorienté le trafic portuaire vers les pays voisins.
Par-dessus tout, c’est l’amélioration de l’environnement des affaires qui donnera, d’après les observateurs, un nouveau souffle à l’économie du pays. Selon l’édition 2010 du classement « Doing Business » de la Banque mondiale, le Togo est passé de la 163e à la 165e place sur 183. Des efforts sont en cours pour rattraper ce retard. Ils se traduisent par la diminution du nombre de procédures pour la création d’une entreprise et par la baisse du taux d’imposition sur les sociétés. Mais pour limiter un impact négatif sur les recettes publiques, les autorités devront élargir l’assiette fiscale. Peut-être le défi majeur du quinquennat.
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