Syndicats et politique : les liaisons dangereuses

Julien_Clemencot

Publié le 19 juillet 2010 Lecture : 1 minute.

Syndicats et politique : le mélange des genres ne date pas d’hier mais remonte en Afrique aux luttes pour l’indépendance. Sur le continent, l’organisation syndicale joue alors le rôle d’incubateur, puis de tremplin pour la classe politique des futurs États africains. Sékou Touré, premier président de Guinée en 1958, n’a-t-il pas commencé son ascension en 1945 en fondant le syndicat des travailleurs des PTT ?

Après les indépendances, les liens entre organisations syndicales et hommes politiques diluent leur capacité d’indignation et limitent leurs actions en faveur des salariés. Créée en 1969 avec la bénédiction de Senghor, la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) consent ainsi, en échange de postes de ministre et de député, à réduire ses exigences dans le cadre de « la participation responsable ». Doux euphémisme pour qualifier son allégeance au Parti socialiste.

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Au Maroc, même volonté des politiques de régir la vie syndicale. C’est d’abord le cas avec l’Union marocaine du travail (UMT), proche des socialistes, puis de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) avec l’Istiqlal. Chaque parti tenant à avoir son propre syndicat, le royaume voit peu à peu les centrales se multiplier – plus d’une vingtaine aujourd’hui –, tout comme les questions sur leur véritable pouvoir de contestation.

Chez le voisin algérien, les choses ont au moins le mérite d’être plus claires. Le gouvernement ne reconnaît pour négocier qu’un seul syndicat, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qui a pris part avec le FLN à la lutte pour l’indépendance. Un monopole qui pourrait vaciller avec la montée en puissance d’organisations indépendantes plus revendicatives, comme le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), mené par Lyes Merabet.

Des ententes qui ne sont pas l’apanage des pays francophones. Première organisation sud-africaine, avec 1,8 million d’adhérents, le Congress of South African Trade Unions (Cosatu), qui a pris part à la lutte contre l’apartheid, marche constamment sur des œufs pour préserver sa crédibilité, tout en maintenant son alliance avec l’ANC.

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