Un accord historique
« Mao en avait rêvé, Ma l’a fait. » C’est en ces termes que la presse taiwanaise a rendu compte de la signature entre la Chine et Taiwan, le 29 juin, d’un « historique » accord-cadre de coopération économique (ACCE). Ce pacte, qui devrait booster les échanges commerciaux entre les frères ennemis, évalués à près de 110 milliards de dollars (87 milliards d’euros), a été paraphé dans la ville chinoise de Chongqing, où, en 1949, Mao et le leader nationaliste Tchang Kaï-chek, futur fondateur de l’État taiwanais, avaient tenté en vain de conclure une trêve entre leurs deux mouvements. Soixante ans plus tard, les deux gouvernements viennent de signer un accord considéré par beaucoup d’observateurs comme le premier pas d’un retour en douceur de l’île « sécessionniste » dans le giron chinois.
Élu en 2008, le président taiwanais Ma Ying-jeou avait axé sa campagne sur une détente avec la Chine continentale. Les relations entre les deux pays s’étaient sérieusement détériorées sous le précédent régime, avec le prédécesseur de Ma appelant pour une nouvelle Constitution afin de formaliser la séparation d’avec le continent. Le régime chinois avait réagi à ces provocations en déployant plus d’un millier de missiles de courte portée face à l’île.
Or, malgré la confrontation diplomatique, les liens économiques sino-taiwanais n’ont cessé de se renforcer. Pékin compte aujourd’hui pour 40 % des exportations de l’île et, avec plus de 50 milliards de dollars, Taipei est devenu le premier investisseur étranger en Chine. L’accord du 29 juin, qui abolit des droits de douane sur plus de 800 articles, ajouté au rétablissement des liaisons directes entre les deux pays, va apporter une bouffée d’oxygène à l’économie taiwanaise, frappée de plein fouet par la crise économique mondiale.
Pour l’opposition taiwanaise, cet accord va accroître la dépendance de l’île par rapport au continent et creuser le chômage. Mais elle n’a pas réussi à mobiliser l’opinion publique, qui semble être favorable à un rapprochement avec la Chine. Il est loin le temps où le Parti démocrate progressiste (DPP), le principal parti de l’opposition, réunissait 600 000 personnes dans les rues de Taipei pour protester contre la politique du président Ma.
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