Disparition d’un Grand Ayatollah sans frontières

Considéré comme progressiste, Mohammad Hussein Fadlallah, décédé le 4 juillet à Beyrouth, était l’une des autorités les plus influentes de l’islam chiite.

Le 6 juillet, lors de ses funérailles. © Reuters

Le 6 juillet, lors de ses funérailles. © Reuters

Publié le 15 juillet 2010 Lecture : 1 minute.

Iraniens, Libanais, Bahreïnis, Irakiens… Plusieurs dizaines de milliers de chiites sont venus à Beyrouth, le 6 juillet, pour accompagner la dépouille du Grand Ayatollah Mohammed Hussein Fadlallah. Une grande figure de l’islam chiite dont l’aura dépassait largement les frontières libanaises. Né en novembre 1935 à Nadjaf, en Irak, il y a fait ses études théologiques et cofondé le parti Dawa du Premier ministre irakien sortant, Nouri al-Maliki.

Les fidèles pleurent en portant le cercueil. Au fil de ses prêches du vendredi, il était devenu l’un des idéologues de la résistance contre l’occupation israélienne. Sur la scène libanaise, qu’il avait rejointe en 1966, il avait réussi, selon Antoine Basbous, fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes, à « redonner sa place à la communauté chiite aux côtés des sunnites dominants ».

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C’est au cours de la guerre civile libanaise (1975-1990) qu’il a assis son influence politique, notamment au moment de la création du Hezbollah, en 1982. Mais c’est l’ensemble de la classe politique libanaise, toutes tendances et toutes confessions confondues, qui était représentée à ses funérailles.

Fadlallah avait pourtant des opposants. Aux États-Unis, bien sûr, où il était inscrit depuis 1995 sur une liste noire de « terroristes internationaux ». Il s’était par ailleurs éloigné du Hezbollah, toujours lié à l’Iran après le remplacement, en 1989, de l’ayatollah Khomeiny par Ali Khamenei, auquel Fadlallah ne reconnaissait pas le titre de Guide suprême – puisqu’il n’a pas atteint le plus haut rang dans la hiérarchie religieuse. Son discours s’était adouci au fil du temps. « Sa vision d’un État islamique a évolué et rassuré les musulmans non chiites ainsi que les chrétiens du Liban. Il a apporté de l’oxygène », analyse Antoine Basbous. Considéré comme progressiste, Fadlallah avait notamment émis des fat­was interdisant l’excision ou les crimes dits d’honneur, et condamné les attentats du 11 septembre 2001.

C’est son frère, Mohammad Ali Fadlallah­, qui a dirigé la prière des funérailles à la mosquée Al-Hassanein. C’est également lui qui pourrait, à l’avenir, être amené à combler le vide laissé par son frère.

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