Les faiseurs de roi

Dès le lendemain du scrutin, les battus du premier tour ont engagé des pourparlers pour apporter leur soutien. De quoi faire pencher la balance ?

Les 24 candidats avec le président de transition Sékouba Konaté, le 26 juin. © Youri Lenquette pour J.A.

Les 24 candidats avec le président de transition Sékouba Konaté, le 26 juin. © Youri Lenquette pour J.A.

cecile sow

Publié le 24 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Présidentielle guinéenne : le duel
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Présidentielle guinéenne : le duel

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Cet article est paru dans Jeune Afrique le 11 juillet. Depuis, la Cour suprême a proclamé les résultats définitifs du premier tour, après avoir statué sur les accusations de fraude.

Les « visites du soir » entre candidats ont commencé dès l’annonce des résultats du premier tour, le 2 juillet. Dans cette course aux alliances, Cellou Dalein Diallo part avec un argument de poids : son avance. Avec près de 40 % des suffrages, contre 20,67 % pour Alpha Condé, il ne lui manque que 10 points pour faire la différence et gravir les marches du palais. De quoi convaincre les battus du premier tour : ceux avec qui les affinités sont affichées pour commencer, puis ceux avec qui il est possible de s’entendre sur un accord de gouvernement. En discussion, évidemment, la répartition des postes ministériels et les candidatures pour la future Assemblée nationale.

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Très tôt, « Cellou » a entamé des discussions avec Lansana Kouyaté, arrivé quatrième avec 7,75 % des voix. Si elles se révèlent concluantes – ce qui est très probable, compte tenu de l’animosité entre Alpha Condé et l’ancien Premier ministre, qui a beaucoup grignoté sur les plates-bandes de l’opposant historique –, Diallo pourrait alors constituer un redoutable trio d’anciens chefs de gouvernement. Sidya Touré, de l’Union des forces républicaines (UFR), arrivé en troisième position, avec 15,60 % des voix, revendique la deuxième place. Il envisage de déposer des recours en annulation du scrutin auprès de la Cour suprême et accuse le RPG d’avoir fraudé. Mais il serait prêt à nouer une alliance avec celui qui fait figure de favori. De sources concordantes, François Lonsény Fall, du Front uni pour la démocratie et le changement (Fudec), serait également sur la même ligne. Et ce malgré le lobby intense des sages malinkés de la Haute-Guinée, acquis à la cause de Condé pour isoler le Peul Diallo.

Autre force d’appoint éventuelle, Ibrahima Abé Sylla, le candidat de la Nouvelle génération pour la République (NGR), arrivé en sixième position (3,37 % des voix). En échange de son soutien et de ses voix, Sylla demande à Diallo la prise en compte de son programme.

Le candidat arrivé en cinquième position, Papa Koly Kourouma, du Rassemblement pour la défense de la République (RDR), fait aussi l’objet de toutes les attentions. L’ami du capitaine Moussa Dadis Camara a fait un score tout à fait honorable pour sa première participation à une élection présidentielle : 4,83 %. Un « succès » dû essentiellement au vote des régions forestières d’où il est originaire. Or, dans la région administrative de Nzérékoré, on recense 566 527 inscrits, ce qui fait d’elle le deuxième vivier le plus important après Conakry (plus de 914 678). Reste à savoir si l’exigence de Kourouma d’épargner à Dadis un procès devant la Cour pénale internationale (CPI) sera acceptée par l’un ou l’autre des challengeurs – qui pourrait alors compter sur son soutien.

Voilà pour les tractations d’appareils et d’états-majors. Mais il n’est pas certain que les électeurs aux réflexes communautaires suivent d’éventuelles consignes de vote. Un homme l’a bien compris. Alpha Condé cherche en effet à récupérer les partisans de Sidya Touré, majoritairement implantés en Guinée maritime et à Conakry, et éventuellement sensibles au slogan « Tout sauf Dalein ».

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