L’heure du choix

Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé sont arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle, le 27 juin. Les Guinéens vont devoir à présent départager deux candidats que tout oppose – parcours, personnalité et électorat.

Jour d’élection à Conakry. © Youri Lenquette pour J.A.

Jour d’élection à Conakry. © Youri Lenquette pour J.A.

cecile sow

Publié le 19 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Présidentielle guinéenne : le duel
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Présidentielle guinéenne : le duel

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À Conakry, plus de dix jours après le premier tour de l’élection présidentielle, qui a eu lieu le 27 juin, les sourires enjôleurs des vingt-quatre candidats continuaient d’interpeller les passants. Comme s’ils étaient satisfaits de ce scrutin historique qui a placé Cellou Dalein Diallo en tête, avec près de 40 % des voix, et Alpha Condé deuxième, avec 20,67 %. Les apparences sont parfois trompeuses. Derrière ces visages rassurants, la colère gronde. Le 2 juillet, immédiatement après la publication des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), la plupart des formations politiques ont exprimé leur indignation face aux « irrégularités et fraudes massives ».

Il y a eu des remous, des manifestations et même des attaques contre le président de la transition, le général Sékouba Konaté, accusé par Sidya Touré (troisième du scrutin, avec 15,60 % des voix) d’avoir modifié les résultats en faveur de l’opposant historique Alpha Condé.

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C’en est trop. Le 6 juillet, le « Tigre » (surnom hérité de son ardeur au combat), l’œil humide devant les caméras de la Radio Télévision guinéenne (RTG), menace de rendre son tablier. Chefs d’État africains (Abdoulaye Wade et Amadou Toumani Touré notamment), leaders politiques, officiers de l’armée, religieux, ambassadeurs… se mobilisent. Le vent de panique s’estompe dans la nuit.

C’est étrange. Dans leur déception, les perdants ont oublié que, sans la détermination de Konaté à respecter le calendrier établi par la Ceni, les 3,3 millions de votants auraient sans doute poireauté encore longtemps avant de glisser un bulletin dans une urne. Et la Guinée serait passée, une nouvelle fois, à côté de son histoire.

Certes, le vote du 27 juin est loin d’être parfait. Mais il a le mérite d’avoir donné aux Guinéens, pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, la possibilité de choisir en toute liberté un président parmi plusieurs candidats d’horizons divers et aux profils aussi différents les uns des autres. Mais il démontre aussi, hélas, à quel point leur choix est avant tout communautaire. Les Peuls ont massivement voté pour Cellou Dalein Diallo et les Malinkés pour Alpha Condé.

Voir la carte de la répartition des votes, selon les résultats provisoires

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Au second tour, initialement prévu le 18 juillet mais reporté sine die, la différence se fera dans la capacité des deux finalistes à rassurer au-delà de leur communauté. En cas d’échec, il faudra s’attendre à un taux de participation moins important que le 27 juin (77 %), d’autant que les accusations de fraudes et les nombreuses irrégularités constatées lors du premier tour pourraient décourager certains électeurs. À Cellou Dalein Diallo et à Alpha Condé de se montrer à la hauteur des enjeux.

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