BP lance un SOS aux pays du Golfe
Après le fond des océans, BP sonde les investisseurs. Ces derniers jours, les actionnaires du groupe britannique ont paru davantage soucieux d’assurer leur indépendance et de conjurer tout risque d’offre publique d’achat (OPA) que de veiller, heure après heure, aux moyens mis en œuvre pour stopper la marée noire qui souille les côtes du golfe du Mexique depuis le 20 avril.
Le 7 juillet, Tony Hayward, patron en sursis de BP, a fait une visite éclair dans la capitale des Émirats arabes unis, Abou Dhabi. Il y a notamment rencontré les dirigeants du fonds souverain Abu Dhabi Investment Authority. Déchaînée, la presse britannique veut dénicher l’identité du chevalier blanc qui mettra la vieille maison à l’abri d’une OPA hostile. ExxonMobil et Royal Dutch Shell sont régulièrement cités comme prédateurs en embuscade. Car, malgré le séisme qu’il traverse, le groupe pétrolier reste très rentable. Ses bénéfices ont doublé au premier trimestre 2010, à 6 milliards d’euros.
C’est le Sunday Times qui, le premier, a levé le voile sur la volonté de BP d’aller draguer les fonds souverains du Golfe pour les convaincre d’augmenter leur participation dans le groupe de 5 % à 10 %, pour un total de 7,3 milliards d’euros. Le Kuwait Investment Office, qui possède déjà 1,75 % du capital de BP, serait sollicité pour porter sa participation à 10 %.
Même le journal émirati The National met son grain de sel. Selon lui, les investisseurs du Moyen-Orient « comprennent l’industrie pétrolière et n’interviendront probablement pas dans la partie opérationnelle de BP. Ils pourraient aussi être perçus à Washington comme des investisseurs neutres et acceptables ». Les fonds souverains du Qatar et d’Abou Dhabi ont déjà volé au secours de la banque britannique Barclays pendant la crise. Ajoutant à la confusion, Chokri Ghanem, le président de la National Oil Corporation libyenne, déclarait le 6 juillet à Bloomberg Television qu’« avec un prix divisé par deux, l’action constitue une bonne opportunité ».
Seule certitude, BP est très affaibli. À 73 milliards d’euros, sa capitalisation boursière a fondu de moitié depuis le début d’une marée noire qui lui a déjà coûté 2,5 milliards d’euros. Une facture qui pourrait exploser à près de 50 milliards d’euros selon une étude publiée le 6 juillet par la Royal Bank of Scotland. Concernant le désastre écologique, BP devait dans un premier temps boucher le puits avant le 27 juillet, soit à la veille de la publication de ses résultats semestriels. Compromis par la saison des ouragans, ce scénario « idéal » vient d’être repoussé à la mi-août.
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