On ne « tweete » pas sur le Hezbollah
Il aura suffi d’un tweet de 140 caractères pour mettre fin aux vingt ans de carrière d’Octavia Nasr, spécialiste du Moyen-Orient au sein de la chaîne américaine CNN. Sur le réseau social Twitter, la journaliste d’origine libanaise a posté le 4 juillet un message où elle se disait « triste d’avoir appris la mort » de l’ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, « l’un des grands hommes du Hezbollah [qu’elle respectait] beaucoup ». Problème, le chef spirituel du mouvement chiite libanais était pour les agences de sécurité américaines et israéliennes l’un des terroristes les plus recherchés au monde. Octavia Nasr s’est très rapidement fendue d’un message d’excuses sur le site de la chaîne et a reconnu « une erreur de jugement » pour avoir écrit « un commentaire aussi simpliste ».
Elle a notamment expliqué qu’elle admirait chez Mohammad Hussein Fadlallah « sa position singulière et pionnière sur les droits de la femme ». L’ayatollah s’était distingué, en novembre 2007, par une fatwa condamnant toute violence exercée sur les femmes et appelant ces dernières à user de leur droit à l’autodéfense.
Les excuses de la journaliste n’ont en tout cas pas suffi à calmer l’intense polémique suscitée par son tweet. La vice-présidente de CNN International, Parisa Khosravi, a considéré que, en tant que journaliste spécialiste du Moyen-Orient, Octavia Nasr n’était plus crédible et qu’elle devait donc quitter la chaîne.
Pour le porte-parole du Hezbollah, Ibrahim Moussawi, CNN fait preuve de « terrorisme intellectuel » en prenant cette décision. « Cette mesure révèle le deux poids-deux mesures de l’Occident vis-à-vis des questions de la région et démasque les États-Unis, qui prétendent protéger la liberté d’expression », a-t-il affirmé. Il y a un mois, la doyenne des correspondants à la Maison Blanche, Helen Thomas, avait elle-même dû prendre sa retraite après avoir tenu des propos controversés sur la politique israélienne.
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