Haro sur l’afro-pessimisme

Publié le 9 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Qui a dit que l’Afrique était incapable d’accueillir correctement une Coupe du monde ? Depuis le 11 juin, l’Afrique du Sud fait mentir tous les jours les oiseaux de mauvais augure qui prédisaient une organisation chaotique. Les matchs se déroulent dans des stades ultramodernes ; l’équipement technique est à la hauteur des normes de la compétition ; la montée satellitaire qui distribue les images à travers le monde est sans faille ; la gestion de la sécurité à l’intérieur et en dehors des stades est, si l’on en croit la Fifa, parfaite… Au grand dam des grands médias occidentaux et des afro-pessimistes de tout poil qui, à la veille du démarrage de la grand-messe du football, avaient focalisé leurs projecteurs sur la criminalité ordinaire et les ghettos du pays.

Certes, il y a, en Afrique du Sud, des braquages et des meurtres. Mais il y en a aussi à Harlem, au cœur de New York. Il y a également au pays de Mandela des quartiers difficiles, minés par le chômage et la délinquance, comme Villiers-le-Bel, dans la banlieue parisienne. Mais l’Afrique du Sud, c’est surtout une économie plus prospère que celle de la Belgique, des villes (Johannesburg, Le Cap, Pretoria, Durban…) parmi les plus modernes au monde, une nation Arc-en-Ciel bâtie par Nelson Mandela, un homme d’une stature inégalée dans le monde contemporain.

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Ce n’est pas cette image-là que l’on veut montrer de l’Afrique, laquelle doit toujours être dépeinte sous les traits d’un continent miné par les guerres, les massacres de masse, la dictature, le sida… La réalité est toutefois plus complexe que la caricature. En dépit de ses crises de croissance, l’Afrique poursuit son chemin. Un ami français, arrivé récemment à Dakar après quinze ans d’absence, m’a fait ce commentaire : « Le Sénégal a beaucoup bougé. Ses nouvelles infrastructures m’impressionnent. » Ce n’est pas le seul pays dans ce cas. Transformé en moins d’une décennie, Accra est la vitrine éclatante du progrès économique du Ghana. Ouagadougou, Bamako, Luanda…, qui étaient il n’y a pas longtemps d’immenses bourgs tropicaux, se sont aujourd’hui notoirement modernisés.

Ceux qui décrétaient les Africains intrinsèquement réfractaires à la démocratie doivent réviser leurs préjugés. L’un des pays les plus durement marqués par la dictature est en train d’administrer une leçon au monde. Cinquante-deux ans après son indépendance, la Guinée a réussi, le 27 juin, le premier tour d’une élection qui s’est déroulée, de l’avis de tous les observateurs, dans la transparence et la sérénité. Si ce processus se poursuit sans heurt jusqu’au bout, ce sera une pierre de plus dans le jardin de ceux qui appelaient à se décourager du continent.

L’Afrique enregistre depuis une décennie une croissance forte et stable autour d’une moyenne de 5 %. Regorgeant de minerais stratégiques, elle est la partie du monde qui rétribue le mieux l’investissement. Les Africains sont jeunes et de mieux en mieux formés. L’explosion des chaînes satellitaires, du téléphone portable et d’internet les a ouverts au monde et a aiguisé les opinions publiques. N’en déplaise aux catastrophistes, l’Afrique a un présent qui se précise. Et incontestablement un avenir.

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