Un G20 médiocre… sauf pour l’Afrique
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Alain Faujas
Alain Faujas est spécialisé en macro-économie.
Publié le 7 juillet 2010 Lecture : 3 minutes.
Le G20, réuni à Toronto les 26 et 27 juin, a déçu. Les observateurs, les ONG et la presse s’attendaient à ce qu’il poursuive sur la lancée des réunions précédentes de Washington, Londres et Pittsburg, et qu’il complète la mise au point de la gouvernance économique mondiale.
Certes, experts et « sherpas » ont travaillé sur la création d’une ou plusieurs taxes destinées à assagir les banques. Ils ont peaufiné des règles du jeu pour les semeurs de pagaille, les hedge funds et les agences de notation. Le FMI espérait persuader les chefs d’État et de gouvernement d’étudier ensemble et en toute transparence l’état de leurs économies respectives et les politiques à mener.
Hélas, un débat né en Europe est venu perturber cet alléchant programme : le temps de la rigueur est-il venu, et convient-il de stopper les programmes de relance, qui coûtent les yeux de la tête aux États, soit de 4 900 milliards à 5 700 milliards d’euros depuis le début de la crise ? Ou bien faut-il continuer à soutenir une croissance flageolante, notamment dans les pays industrialisés, et ne pas hésiter à poursuivre les déficits budgétaires, malgré les peurs des investisseurs qui ont failli mettre la Grèce en faillite ?
À ma droite, Angela Merkel dans le rôle de l’élève modèle, qui met en avant son plan d’austérité de 81 milliards d’euros. À ma gauche, Barack Obama, qui ne veut pas que son pays tire seul l’économie de la planète et qui déclare : « Si l’Europe peut passer de 1 % à 2 % de croissance, je serai très content. » Ce qui signifie qu’il n’est pas du tout content de l’Allemagne qui pourrait étouffer la reprise dans l’œuf avec son excessive prudence.
Alors, rigueur ou relance ? Le G20 n’a rien décidé du tout, comme en témoigne son communiqué final qui ménage savamment la chèvre et le chou. Les rédacteurs n’ont pas craint de préconiser de « poursuivre des mesures de relance budgétaire » et, un peu plus loin, d’appeler les économies avancées à « réduire d’au moins de moitié les déficits d’ici 2013 et de stabiliser ou de réduire les ratios de la dette publique par rapport au PIB d’ici 2016 ». Même absence de volonté sur la taxe sur les transactions financières ou l’augmentation des fonds propres des banques : chaque pays fera comme il l’entend. Adieu la belle solidarité manifestée dans la tempête ! Le sommet de Séoul, en novembre, dira si le G20 de Toronto était un sommet « de transition », comme l’a déclaré Nicolas Sarkozy, ou s’il aura marqué le grand retour du chacun pour soi.
Ce sommet médiocre est pourtant rassurant pour l’Afrique. En effet, celle-ci pouvait redouter que l’austérité qui se profile dans les pays du Nord tarisse leur demande pour ses matières premières comme en 2008-2009 et mette à mal ses balances des paiements et ses budgets. Avec le communiqué alambiqué de Toronto, le continent est désormais certain que le « G2 » (États-Unis et Chine), lui, ne ralentira pas la cadence et qu’il entraînera dans son sillage une bonne partie de l’Amérique latine et de l’Asie. Alors qu’importe si la vieille Europe se met à la diète avec l’Allemagne à partir de 2011 !
Mais il est une autre bonne nouvelle qui n’apparaît nulle part dans les documents officiels : à l’occasion du G20, la Chine a décidé de commencer à faire monter le cours du yuan. De façon ni rapide ni forte, car Pékin ne veut pas casser sa formidable capacité exportatrice. Mais cela rendra les emplettes à l’étranger des Chinois moins coûteuses. Il est donc vraisemblable qu’ils en profiteront pour acheter plus de cuivre, de coton ou de cacao. De quoi assurer à l’Afrique deux ou trois belles années. Au moins.
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