Tapo Touga Nadio : « Le consommateur doit supporter une part de la hausse »

Jeune Afrique : Faut-il encore subventionner les produits pétroliers alors que la facture énergétique ne cesse d’augmenter ?

Tapo Touga Nadio : C’est assez compliqué. Il va sans dire que subventionner les produits pétroliers constitue un véritable manque à gagner pour les États. Supprimer ces aides permettrait, certes, d’augmenter les recettes et de pouvoir les redistribuer au profit des populations. Mais cela suffirait-il pour que les consommateurs puissent supporter de fortes hausses du prix à la pompe ? Pour celui qui connaît la situation dans nos pays, cela n’est pas évident. Et lorsque les prix des produits pétroliers augmentent à la pompe, cela se répercute sur ceux des denrées alimentaires, car les commerçants vous diront que les coûts de transport ont augmenté… En ce qui nous concerne, nous pensons qu’un mécanisme d’ajustement des prix, dans lequel le consommateur supporte une partie raisonnable de la hausse et l’État l’autre partie, nous semble plus adapté.

Partagez-vous les recommandations du FMI, qui préconise des subventions ciblées au profit des plus pauvres ?

C’est une façon de voir les choses. En termes de produits pétroliers, il est très difficile de quantifier la consommation des plus pauvres. Quand les économistes préconisent, par exemple, d’exonérer le pétrole lampant parce qu’il est plus utilisé par les plus pauvres, cela n’est pas applicable au Mali. Ce produit représente à peine 1 % de nos importations et est essentiellement distribué de façon informelle. Le gasoil est le produit le plus consommé aussi bien par les plus riches que par les pauvres. Il représente les deux tiers de nos importations de produits pétroliers.