Le programme 2010-2014 à la loupe
Le paradoxe algérien
Les engagements financiers prévus pour le programme d’investissements publics 2010-2014 sont de l’ordre de 286 milliards de dollars, soit 21 214 milliards de dinars… dont 130 milliards de dollars destinés à l’achèvement des projets lancés durant le précédent quinquennat, notamment dans le secteur des infrastructures de base (rail, route et hydraulique). L’importance de ce « budget de correction » met en exergue les défaillances dans l’exécution du plan de soutien à la croissance (2004-2009), dont l’enveloppe initiale était de 150 milliards de dollars. En particulier les revers du « chantier du siècle », celui de l’autoroute est-ouest, estimé à 4 milliards de dollars, et qui en coûtera finalement plus de 11 milliards. Les mauvaises langues expliquent ces surcoûts par la corruption. S’il est vrai que les malversations, pots-de-vin et abus de biens sociaux sont érigés en règle de fonctionnement au sein de l’administration et des entreprises publiques, ils ne sauraient expliquer à eux seuls un tel dépassement de l’enveloppe prévue. En fait, il semblerait que les études effectuées avant le lancement des différents projets souffraient d’approximations. À cela s’ajoute l’inexpérience des négociateurs algériens lors de l’élaboration des contrats de réalisation avec les groupes chinois, japonais, espagnols ou turcs auxquels ils ont confié les marchés.
L’enveloppe consacrée aux nouveaux projets est, elle, de 156 milliards de dollars, répartis en trois volets : le développement humain, les infrastructures de base et le soutien au secteur productif.
Le premier volet, dédié à l’amélioration des conditions de vie de la population, mobilise plus de 40 % des ressources, soit plus de 62 milliards de dollars. Outre les structures destinées à la jeunesse à travers l’éducation, les infrastructures sportives et culturelles, il est prévu de construire 2 millions de logements (dont 1,2 million livrables avant l’échéance 2014), ce qui représente le double de la performance réalisée au cours du précédent quinquennat. Il est aussi prévu de raccorder plus de 1 million de foyers au réseau de gaz naturel et près de 220 000 foyers ruraux au réseau électrique.
En matière de santé, 172 hôpitaux doivent être réceptionnés au cours des quatre prochaines années, ainsi que 45 complexes spécialisés (en oncologie, cardiologie, néphrologie), 377 polycliniques et 70 établissements pour handicapés.
Financement sur fonds propres
Les infrastructures de base mobilisent elles aussi 40 % des ressources, dont la majeure partie affectée aux transports : 48 milliards de dollars seront ainsi dédiés à l’extension du réseau autoroutier (Hauts Plateaux et pénétrantes vers le sud), à la modernisation du réseau routier, ainsi qu’à l’augmentation des capacités portuaires. Pour améliorer le transport urbain, 14 agglomérations de l’Algérie profonde devraient bénéficier chacune d’un tramway. Par ailleurs, le plan prévoit d’étendre le réseau ferroviaire, qui devrait passer de 3 500 km actuellement à 10 500 km à l’horizon 2014, et de desservir les grandes villes du Sud (Ghardaïa, Ouargla, Adrar ou El-Oued).
Le soutien au secteur économique se concentre quant à lui principalement sur l’agriculture et l’industrie, avec notamment des subventions sur cinq ans à hauteur de 13,4 milliards de dollars pour l’agriculture et du double pour l’industrie, destinées à la construction de nouvelles centrales électriques, à la modernisation des outils de production ou encore à la mise à niveau des groupes industriels publics.
Dernière précision, et elle est de taille : malgré l’ampleur des engagements, Abdelaziz Bouteflika exclut tout recours à l’endettement extérieur. C’est donc l’argent du pétrole qui financera cet effort. L’opération étant budgétisée sur la base d’un baril de pétrole à 37 dollars et ce dernier évoluant depuis six mois dans une fourchette allant de 70 à 87 dollars, il ne devrait pas y avoir de mauvaise surprise.
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