Abdelati el-Obeidi, le retour d’une vieille connaissance

Le vice-ministre libyen chargé des Affaires européennes va prochainement prendre ses fonctions d’ambassadeur en Tunisie. Un pays qu’il connaît bien. Ne serait-ce que pour y avoir occupé le même poste, il y a vingt-trois ans.

Le futur ambassadeur de Libye à Tunis, Abdelati el-Obeidi. © Mahmud Turkia/AFP

Le futur ambassadeur de Libye à Tunis, Abdelati el-Obeidi. © Mahmud Turkia/AFP

Publié le 8 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Il fut l’un des premiers diplomates à être reçus par Zine el-Abidine Ben Ali, une semaine après son accession au pouvoir, en novembre 1987. Abdelati el-Obeidi était représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue des États arabes, dont le siège se trouvait alors à Tunis. Les relations entre la Tunisie et la Libye s’étaient rompues à la fin chaotique du règne de Habib Bourguiba, et Obeidi n’était donc pas accrédité auprès du gouvernement tunisien. Mais Ben Ali avait tenu à le recevoir pour lui annoncer qu’il comptait agir afin de « normaliser » les relations entre les deux pays. Et c’est Obeidi que Kadhafi nommera ambassadeur à Tunis moins d’un mois plus tard. Vingt-trois ans après, il est de retour dans la même fonction.

D’aucuns pensent que, à désormais 70 ans, c’est le repos du guerrier pour le diplomate, qui sera le premier ambassadeur à s’installer dans la nouvelle et confortable résidence avec vue sur le golfe de Tunis, construite à deux pas du palais présidentiel de Carthage. Ce ne sera pas le cas. Les Tunisiens sont flattés par l’arrivée d’un homme dont ils connaissent le sérieux, et dont la stature et l’expérience – quarante ans au service de l’État libyen – dénotent la volonté de Mouammar Kadhafi d’aller encore plus loin dans l’entente et l’intégration économique entre les deux voisins.

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Cet homme tranquille, de taille moyenne, cheveux abondants à peine grisonnants, affable mais peu expansif, est né dans la tribu des El-Obeidat, dans le Djebel el-Akhdhar (Est libyen). Une tribu célèbre pour sa participation à la lutte contre la colonisation italienne aux côtés d’Omar el-Mokhtar, dans la première moitié du XXe siècle. C’est donc tout naturellement que ce nationaliste fut parmi les premiers civils à se rallier aux officiers libres menés par Kadhafi, en 1969, alors qu’ils venaient de renverser la monarchie des Senoussi et s’apprêtaient à fermer les bases militaires américaines et britanniques.

Il gagne rapidement la confiance du « Guide » libyen et devient un pilier de l’État : ministre dans les premiers gouvernements, Premier ministre (1977-1979) et secrétaire général du Congrès général du peuple (Parlement, 1979-1981) – ce qui équivaut à la fonction, purement protocolaire, de chef de l’État. C’est en 1982 qu’il embrasse la carrière diplomatique, où il entre par la grande porte en tant que ministre des Affaires étrangères (1982-1984). Il est ensuite nommé haut représentant de la Jamahiriya libyenne auprès de la Ligue arabe et de la Tunisie puis ambassadeur en Italie, jusqu’à ce que Kadhafi fasse de lui son homme pour les missions diplomatiques les plus délicates, au moment où le pays est sous embargo de l’ONU (1992-1999). Il représente l’État libyen dans les négociations pour résoudre la crise liée à l’attentat de Lockerbie, sur le démantèlement du programme d’armes de destruction massive et dans la normalisation des relations avec les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Vice-ministre chargé des Affaires européennes depuis cinq ans, il a joué un rôle central dans la résolution de l’affaire des infirmières bulgares (1999-2007), dans la clôture du contentieux colonial, qui s’est traduit par des excuses officielles de l’Italie (en août 2008), et dans le retour en Libye, l’an dernier, d’Abdel Basset el-Megrahi, emprisonné en Écosse pour son rôle dans l’attentat de Lockerbie. Son dernier grand dossier : l’engagement des négociations pour un accord de partenariat avec l’Union européenne.

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