Sommet ou contre-sommet ?

Décideurs politiques ou leaders de la société civile ? Barack Obama a bien du mal à choisir ses invités pour fêter, en août, l’anniversaire des indépendances africaines.

À Accra, en juillet 2009, lors de la première visite d’Obama sur le continent. © Finbar O’Reilly/Reuters

À Accra, en juillet 2009, lors de la première visite d’Obama sur le continent. © Finbar O’Reilly/Reuters

Christophe Boisbouvier

Publié le 13 juillet 2010 Lecture : 3 minutes.

Une petite phrase, et puis plus rien. Le 25 juin au soir, dans les couloirs du sommet du G8, à Huntsville, au Canada, un conseiller de la Maison Blanche annonce : « Nous allons accueillir un événement cet été à Washington, au début du mois d’août. Ce ne sera pas simplement pour marquer le 50e anniversaire de l’indépendance des pays africains. On se tournera aussi vers l’avenir, et on discutera avec les jeunes leaders de chacun de ces pays. » Quelques heures plus tôt, lors d’une table ronde du G8 élargie à six chefs d’État et de gouvernement africains – l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, le Sénégalais Abdoulaye Wade, le Nigérian ­Goodluck Jonathan, le Sud-Africain Jacob Zuma, le Malawite Bingu wa Mutharika et l’Éthiopien Mélès Zenawi –, le président américain avait eu cette phrase sibylline : « Nous allons organiser un événement avec de nouveaux leaders africains, pour célébrer le 50e anniversaire. J’aurai 49 ans en août. »

Cafouillage

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Depuis, donc, plus rien. Le département d’État ne communique pas. Aucune présidence africaine n’a reçu d’invitation. C’est comme si la Maison Blanche avait parlé trop vite et s’en mordait les doigts. Cafouillage à Washington ? Non. Discussions, débats. Depuis une semaine, les conseillers d’Obama se disputent autour d’une question : qui inviter ? Les chefs d’État ou les acteurs de la société civile ? Pour l’instant, Barack Obama n’a pas tranché.

Les partisans d’un sommet au plus haut niveau ne manquent pas d’arguments : « en Afrique, tout est politique » ; « depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président n’a visité qu’un seul pays d’Afrique noire, le Ghana, et n’a reçu que cinq dirigeants de cette région du monde, le Tanzanien Kikwete, la Libérienne Johnson-Sirleaf, le Zimbabwéen Tsvangirai, le Sud-Africain Zuma et le Nigérian Jonathan » ; « beaucoup ont été vexés par le discours d’Accra – “le continent n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions” –, et il faut leur parler ».

Mais les partisans d’un contre-sommet de la société civile ne sont pas en reste : « Accra, c’était un discours contre la mauvaise gouvernance – “aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants s’enrichissent personnellement” –, et, un an après, on ne peut pas inviter une vingtaine de vieux chefs d’État corrompus. » Et ceux-ci de brandir le dernier numéro de Foreign Policy. Sous le titre « Les pires des pires », la célèbre revue américaine pointe ceux qu’elle appelle « les vingt-trois plus grands dictateurs de la planète ». Parmi eux, elle sélectionne treize dirigeants africains : Robert Mugabe, Omar el-Béchir, Issayas Afewerki, Mélès Zenawi, Mouammar Kadhafi, Idriss Déby Itno, Teodoro Obiang Nguema, Hosni Moubarak, Yahya Jammeh, Blaise Compaoré, Yoweri Museveni, Paul Kagamé et Paul Biya.

Alors sommet ou contre-sommet ? Pour s’en sortir, Barack Obama peut aussi décider de ne pas choisir et inviter, ensemble, chefs d’État et acteurs de la société civile. Pour l’heure, il n’y a que deux certitudes. La réunion aura lieu très probablement entre le 7 et le 13 août, juste après le forum de l’Agoa (loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique), prévu cette année les 2 et 3 août à Washington et les 5 et 6 août à Kansas City. Et lors de cette rencontre hors norme il y aura un grand discours. « Obama ne se contentera pas d’envoyer un message à la jeunesse africaine. Il dira quelques vérités », confie un proche du département d’État. Bref, si les chefs d’État africains y sont conviés, quelques oreilles risquent de siffler.

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