Bad game, Goodluck !
Après leur élimination au premier tour de la Coupe du monde, les Super Eagles nigérians suspendus pour deux ans par leur président !
La France n’aura détenu le monopole du ridicule que pendant quinze jours, le temps d’exposer à la face du monde la médiocrité de son équipe nationale et la suffisance de certains de ses joueurs – sans parler de l’immixtion du pouvoir politique dans les affaires sportives. Le 30 juin, les hommes politiques français, dont le niveau est parfois proche de celui des Bleus, se sont en effet découvert un sérieux concurrent en la personne de Goodluck Jonathan, l’homme qui, depuis le 6 mai, préside officiellement aux destinées du Nigeria. Froidement, celui-ci a annoncé la suspension des Super Eagles de toute compétition internationale pour une durée de deux ans, afin de « remettre les choses en ordre ». Si le nouvel homme fort du pays va jusqu’au bout de son raisonnement, le Nigeria ne participera pas aux éliminatoires de la CAN 2012, dont le coup d’envoi sera donné au mois de septembre. Aux dernières nouvelles, la Guinée, Madagascar et l’Éthiopie, les trois adversaires des Eagles, se frottent les mains…
Jonathan n’a pas apprécié la performance de son équipe, pourtant placée par le hasard du tirage au sort dans un groupe a priori abordable (Argentine, Grèce et Corée du Sud). Plus grave, alors que Prudence, son épouse, est à tort ou à raison soupçonnée d’avoir détourné plus de 13 millions de dollars, il s’est publiquement interrogé sur l’utilisation des fonds alloués à la fédération nigériane. En mettant son nez dans les affaires de cette dernière, il ne peut ignorer qu’il va s’attirer les foudres de la Fifa, qui vient de rappeler à la France son opposition à toute ingérence étatique.
Ces dernières années, plusieurs pays ont été suspendus pour des durées plus ou moins longues. En Afrique, c’est le cas de Madagascar, du Kenya et de l’Éthiopie, privés de qualifications pour la CAN et la Coupe du monde 2010. Ils ne sont pas les seuls. D’autres pays dirigés par des humanistes reconnus (Irak, Iran), et même l’Albanie en 2008, sont passés par la case suspension. En novembre 2009, téléguidé par Dadis Camara, l’ancien ministre guinéen des Sports avait prononcé la dissolution de l’équipe nationale – ressuscitée depuis – après son échec lors des éliminatoires de la CAN et de la Coupe du monde 2010.
Avec sa décision populiste et autoritaire, dont on mesurera rapidement les conséquences désastreuses pour le football nigérian, Goodluck Jonathan a voulu montrer qui est le chef. Malgré le chapeau, le soleil doit vraiment taper fort à Abuja !
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