La contre-attaque d’Al-Qaïda
Alors qu’ils avaient, depuis quelque temps, abandonné les attaques de militaires, les combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont mené une offensive particulièrement meurtrière, le 30 juin. Raison probable de ce changement de stratégie : la vengeance, suite à l’élimination de djihadistes internationaux par le Groupement des gardes-frontières.
C’est l’attaque terroriste la plus meurtrière depuis longtemps. Le 30 juin à Tin Zawatine, dans le Grand Sud algérien, non loin de la frontière malienne, onze membres du Groupement des gardes-frontières (GGF) sont morts dans une embuscade tendue par un groupe armé commandé par Abid Hammadou, alias Abdelhamid Abou Zeid, numéro deux de la katiba Tariq Ibn Ziyad, composante militaire la plus importante d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la région. Principales cibles des combattants salafistes du désert, les forces de l’ordre algériennes n’avaient plus subi pareil revers depuis mars 2007, quand le groupe de Mokhtar Belmokhtar, alias Laouer, autre vedette d’Aqmi, avait assassiné treize douaniers dans la région de l’Adrar. Le ratissage qui s’était ensuivi avait abouti à l’élimination d’une dizaine de terroristes. Depuis, les axes routiers par où transitent les produits de contrebande, source appréciable de revenus pour Aqmi, sont de plus en plus surveillés.
Dix jours plus tôt…
Conséquence, les salafistes évitent désormais la confrontation directe avec les militaires, privilégiant des activités moins risquées : rapt de touristes étrangers avec versement de rançon, protection des convois de trafiquants, etc. Pourquoi diable ont-ils changé leur fusil d’épaule, ce 30 juin ? L’explication se trouve sans doute dans une information publiée, dans son édition de ce même 30 juin, par le quotidien indépendant et arabophone El-Khabar, l’un des journaux algérois les plus crédibles en matière d’actualité sécuritaire.
On apprend ainsi que l’unité GGF de la région de Tin Zawatine aurait, une dizaine de jours auparavant, éliminé quatre hommes armés qui avaient pris place à bord d’une Toyota Station (un 4×4 très prisé des djihadistes d’Aqmi). Après identification des corps, il est apparu que cette banale interception était en réalité un gros coup dans la lutte antiterroriste.
Vengeance
Seuls deux des quatre terroristes abattus (un chauffeur et un garde du corps) étaient en effet algériens. Les deux autres ? Un Mauritanien du nom d’Abou Yasser el-Mauritani, présenté comme le principal commanditaire du rapt des humanitaires espagnols fin 2009, en Mauritanie, puis, en mars dernier, de l’attaque d’une caserne de l’armée nigérienne dans la région de Tillabéry. Et un Somalien, rapidement identifié comme un dirigeant important des milices Chabab. Que faisait-il à Tin Zawatine en compagnie d’Abou Yasser ?
Selon toute vraisemblance, l’émissaire somalien était en route pour Tamanrasset, d’où il devait rallier le nord de l’Algérie, plus précisément les maquis de la Kabylie, pour y rencontrer Abdelmalek Droukdel, l’émir d’Aqmi. L’annonce de son élimination aurait provoqué la colère de Yahia Djouadi, alias Abou Ammar el-Tiarti, patron de la brigade Tariq Ibn Zyad, qui aurait chargé son lieutenant, Abdelhamid Abou Zeid, de le venger.
L’embuscade de Tin Zawatine ne devrait pas rester sans suite. L’armée a mobilisé la quasi-totalité des moyens humains et matériels de la 3e région militaire pour traquer les assaillants. Une vaste opération de ratissage est en cours. Les autorités maliennes ont officiellement accordé aux militaires algériens un droit de poursuite sur leur territoire.
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