L’économie verte, une chance pour l’Afrique centrale

Albert Yuma-Mulimbi, président de la CPCCAF, est également président de la Fédération des entreprises du Congo et président du conseil d’administration de la Gécamines. Didier Mavouenzela est le président de la zone Afrique centrale de la CPCCAF et président de la Chambre de commerce et d’industrie de Pointe-Noire.

Albert Yuma-Mulimbi. © Bruno Levy/JA

Albert Yuma-Mulimbi. © Bruno Levy/JA

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Publié le 24 mai 2013 Lecture : 5 minutes.

À l’occasion du 4è Green Business Forum qui sera organisé à Pointe-Noire du 27 au 29 mai prochain par la Chambre de commerce et d’industrie congolaise, nous souhaitions revenir sur un sujet qui nous paraît fondamental pour le développement de notre continent. L’économie verte est issue du concept de développement durable. Mais les objectifs mondiaux environnementaux mondiaux s’enrichissent désormais d’une préoccupation sociétale, au travers du prisme du développement économique. Qu’en pensent nos entreprises ?

Celles-ci, interrogées lors de l’enquête menée par les chambres consulaires d’Afrique centrale sur l’économie verte donnent une réponse claire. Pour plus de 90% d’entre elles, il s’agit d’abord d’un concept lié à la préservation de l’environnement. Néanmoins, pour 47% d’entre elles, l’économie verte est un moyen de stimuler leur croissance. Rappelons que, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’économie verte se définit comme « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ».

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Préserver l’environnement est un choix. Nous devons le faire volontairement, en pensant aux générations futures.

Certains regardent ce débat avec prudence. Ils rappellent qu’il serait dommage que les pollueurs d’hier, ayant bâti leur développement dans des secteurs et des industries considérés comme stratégiques et avec des technologies qui seraient considérées comme « sales » aujourd’hui, nous empêchent de profiter de nos richesses, pour assurer notre propre développement. Et ce, même au prix d’une dégradation de nos forêts ou d’un épuisement de nos sous-sols, qu’eux-mêmes ont très largement contribué à exploiter. D’autant que, comme on le sait, produire sans polluer relève de la gageure économique. Le débat se résume donc en un choix : développement économique ou préservation de l’environnement ?

Nous pensons que ce débat, légitime, peut être abordé de manière plus nuancée.

Préserver l’environnement est un choix. Nous devons le faire volontairement, en pensant aux générations futures. Il y va de notre responsabilité vis-à-vis de ce patrimoine, qui avant d’être considéré comme mondial, est celui que nos ancêtres nous ont légué. Préserver l’équilibre écologique est également une nécessité sociale. En effet, les désordres causés par les changements climatiques touchent surtout les populations les plus pauvres et les moins bien protégées.

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Nous pensons que l’Afrique Centrale recèle de potentialités à ce jour largement inexploitées. Ce pays est en phase avec le développement économique tel qu’il se pratiquera dans les prochaines années.

Nos entreprises, l’ont bien compris. Elles pensent à 85% que l’économie verte représente des opportunités de développement, mais elles sont 50% à considérer qu’il s’agit de nouvelles contraintes à venir.

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L’économie verte est surtout un facteur de compétitivité à venir dans l’économie mondiale.

Loin du politique, l’économie verte consiste pour nous à promouvoir une gestion responsable des ressources nécessaires à l’exploitation d’une entreprise. Elle doit être considérée comme un levier de croissance pour ces dernières dans la mesure où le coût des facteurs de production, notamment énergétiques, sont à la hausse.

L’économie verte est surtout un facteur de compétitivité à venir dans l’économie mondiale. C’est un moyen de conquérir de nouveaux marchés ou de s’étendre sur les marchés existants. Il suffit d’envisager la demande mondiale alimentaire en 2013 (7 milliards de bouches à nourrir), ainsi que les comportements toujours plus responsables et exigeants des consommateurs, pour se convaincre que cette demande ne pourra être satisfaite par une agriculture purement extensive. L’Afrique, où sont situées plus de 60% des terres arables mondiales, a sans aucun doute sa carte à jouer. Même situation pour les forêts où la demande croisée volume-certification plaide pour un développement de ce secteur en Afrique. Le constat est le même pour l’énergie et pour des secteurs de niche tels que l’alimentation traditionnelle. En effet, avec les diasporas parisienne ou bruxelloise, la demande augmente. Par conséquent, la satisfaction de ces besoins peut entraîner la création d’emplois dans les régions les plus reculées.

Des mises en application multiples

Il faut tout d’abord bâtir un cadre favorable aux entreprises qui souhaiteraient se lancer dans tous les secteurs couverts par l’économie verte.

Le rôle de l’État est central dans cet accompagnement. Les plus hautes autorités d’Afrique centrale se sont engagées sur ces sujets, les ministres de l’environnement et du développement de la CEEAC se sont réunis, la création d’un fonds vert a été annoncée en juin 2012, logé à la Banque de développement des États d’Afrique centrale. Malheureusement, celui-ci n’est à ce jour pas encore opérationnel.

L’État doit financer, inciter, former et contraindre.

L’État doit financer, inciter, former et contraindre. Qu’il s’agisse d’appuis financiers dans les nouvelles industries vertes, par subventions, micro-crédits ou exonérations fiscales, qu’il adapte son outil de formation aux besoins exprimés par les opérateurs économiques, ou qu’il édicte des normes environnementales et productives s’imposant à tous, son rôle est primordial. Son rôle est également essentiel pour s’assurer que toutes les entreprises, pas seulement les grosses, seront bénéficiaires des nouveaux dispositifs. Il y va de l’emploi dans nos pays.

Il faut ensuite sensibiliser nos entreprises pour qu’elles perçoivent l’économie verte comme un levier de développement et les accompagner pour leur donner les outils de ce que seront, nous l’espérons, leurs nouvelles ambitions. C’est le défi que les chambres consulaires membres de la CPCCAF se sont imposées, en prenant position sur le sujet à Kinshasa lors de notre 38è Assemblée générale et en décidant de s’organiser collectivement, pour que chacune dans nos pays, nous puissions nous doter des moyens nécessaires à l’information et la sensibilisation de nos ressortissants, que nous puissions accompagner de manière individuelle les entreprises pour les aider à saisir les opportunités économiques offertes par l’économie verte ou encore jouer le rôle de  « go between » entre entreprises d’Afrique ou d’ailleurs qui souhaiteraient développer des partenariats techniques, technologiques ou commerciaux.

C’est tout le sens de cette 4è édition du Green Business Forum qui se tiendra à Pointe-Noire, à l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie, qui permettra aux institutions régionales, nationales, des partenaires techniques et financiers de l’aide au développement et aux opérateurs économiques du monde privé de se rencontrer et d’échanger pendant trois journées au cours d’ateliers thématiques, ainsi qu’à 25 entreprises françaises, ressortissantes de toutes les chambres du réseau de la CPCCAF, de venir à la rencontre de leurs homologues pour découvrir ce marché et les immenses potentialités qu’il recèle.

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