Après le Jamel Comedy Club
Repérés par Jamel Debbouze et formés au stand-up à travers son Comedy Club, Amelle Chahbi et Noom montent leur propre spectacle. Ils passent au crible les clichés sur les Noirs et les Arabes.
Ils voulaient dépoussiérer le vaudeville, et le pari est réussi. « C’est un coup de karcher sur les pièces de boulevard ! » lance Noom avec décontraction, installé confortablement dans un fauteuil du Théâtre Le Temple. C’est dans cette salle parisienne qu’il joue Amour sur place ou à emporter, sa nouvelle pièce coécrite avec Amelle Chahbi, dans laquelle ils forment un jeune couple qui vient de se rencontrer sur Facebook et que tout oppose.
Elle, jolie Parisienne indépendante, rêve de romantisme, et lui, radin et banlieusard, de devenir manager chez McDonald. Il est noir, elle est arabe. Durant une heure de spectacle mêlant chant, danse et comédie, ils passent au crible les stéréotypes sur les Arabes et les Noirs. Bien qu’au bord de la caricature – il est infidèle et menteur, elle est naïve et jalouse –, ils s’efforcent de ne pas verser dans l’excès. « Les différences font peur, explique Amelle, avec une bonne humeur communicative. Nous avons volontairement forcé le trait afin de dénoncer l’absurdité des clichés. N’importe qui peut se reconnaître dans la pièce. » « Nous aurions aussi bien pu interpréter une Normande et un Marseillais », plaisante Noom.
Loin des clichés
Dans la vie, ces trentenaires complices font de la lutte contre les préjugés leur combat quotidien. L’inspiration, Amelle, la Marocaine, et Noom, le Français d’origine malienne, la puisent dans l’actualité. « En France, on s’attarde trop sur le sujet de la burqa, alors que ma future retraite me fait davantage paniquer ! » explique Amelle en riant. Leur vie personnelle aussi leur a donné quelques idées. « On ne me proposait que des rôles clichés », déplore-t-elle. « À la suite d’un casting, on m’a dit que finalement je n’étais pas si noir que ça ! » lui répond Noom.
Révélés par le Jamel Comedy Club, les deux amis se sont rencontrés en 2005 sur les scènes ouvertes du Comic Street Show, un label de stand-up. Et ont tous deux fait leurs armes sur la même chaîne de télévision, Canal+. Toute petite, déjà, Amelle rêvait de faire de la comédie – elle s’inscrit très tôt à des cours de théâtre, avant de rejoindre le groupe français de stand-up Barres de rires. Noom, lui, a commencé par écrire des chroniques humoristiques, avant de tourner des sketchs à l’antenne avec Omar et Fred.
Le duo lui-même est loin des clichés. « Je suis une musulmane du Marais, ça ne m’empêche pas de sortir au Baron [un bar sélect de la capitale, NDLR] », s’amuse Amelle, avant de préciser avec un clin d’œil que « Noom organise des barbecues dans son pavillon du 15e arrondissement ». Là où il cite Aïssa Maïga comme symbole de réussite, elle lui oppose Géraldine Nakache (l’héroïne du film Tout ce qui brille). Et s’estime fière de leur propre parcours. « Voir quotidiennement l’affiche de notre spectacle avec une rebeue et un renoi sur les colonnes Morris de Paris, c’est notre plus grande victoire. »
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?