La crise s’invite au tour de table d’ECP
Procès avec l’ancien actionnaire de Financial Bank, portefeuille plombé par des groupes en difficulté, retard pour boucler sa troisième levée de fonds… Emerging Capital Partners traverse une période délicate.
Rémy Baysset, fondateur de Financial Bank, et Vincent Le Guennou, vice-président exécutif d’Emerging Capital Bank (ECP), ne pensaient sans doute pas en arriver là. Mais les deux hommes s’en remettent désormais à la cour d’arbitrage international de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris pour trancher le litige qui les oppose. En cause, le non-paiement, il y a quelques semaines, d’une échéance due par ECP, qui a en mars 2009 repris 100 % de Financial Bank, à son principal actionnaire, Rémy Baysset. La somme est rondelette : 3,5 millions d’euros environ, qui devaient s’ajouter à une vingtaine de millions déjà payés par ECP et précéder une ultime échéance, payable en mars 2011, de 3,5 millions d’euros également.
« Nous avons découvert que de graves irrégularités de gestion ont été commises, explique Vincent Le Guennou. Elles dépassaient largement le montant encore dû [25 % du prix de la transaction, NDLR], alors nos avocats nous ont conseillé de ne pas payer les deux échéances restantes. » De leur côté, les avocats de Rémy Baysset précisent, pour appuyer leur demande auprès de la cour d’arbitrage, qu’ECP, à la suite d’un long audit mené par Ernst & Young, n’a pas demandé de garantie de passif. Autrement dit, le capital-investisseur panafricain ne pourrait pas demander de compensation pour des actes commis par l’ancien actionnaire. Refusant tout commentaire sur l’absence ou non de garantie de passif, ECP précise toutefois « qu’il y a des choses que même un audit ne peut pas voir ».
Depuis le non-paiement, Rémy Baysset s’est engagé dans une lutte avec ECP : demandes de saisies conservatoires dans plusieurs pays dans un premier temps ; guerre médiatique ensuite ; saisie, enfin, de la cour d’arbitrage, comme prévu dans le contrat de cession. La décision devrait être connue d’ici à six mois. « Évidemment, nous nous y plierons », tient à préciser Vincent Le Guennou.
Malgré le problème d’image que risque de créer ce conflit, le capital-investisseur se dit serein. La Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, pourrait bientôt lui accorder 20 millions d’euros pour son troisième fonds. ECP Africa Fund III – c’est son nom – devrait du coup dépasser la taille de 400 millions d’euros pour devenir l’un des plus importants fonds panafricains jamais levés. Pourtant, la réalité est moins positive. ECP est en effet loin d’atteindre les 800 millions d’euros qu’il souhaitait initialement mobiliser. « Un certain nombre d’investisseurs institutionnels internationaux avaient émis un intérêt pour l’Afrique, mais ont renoncé après le déclenchement de la crise [fin 2008 et 2009, NDLR] », explique Vincent Le Guennou.
Investissements malheureux
Le portefeuille d’ECP a également souffert. Intercontinental Bank, dans lequel il avait investi avec d’autres financiers 130 millions d’euros, figure parmi les banques nigérianes sauvées de la faillite mi-2009 par les autorités monétaires de Lagos. De même, les 12 millions d’euros investis dans le sud-africain Blue Financial Services, un groupe de microfinance en grande difficulté financière, sont mal en point. Un autre de ses investissements, Central African Gold, a énormément souffert avant d’être cédé la semaine dernière à un autre opérateur minier, New Dawn Mining.
Enfin, Générale Assurance Méditerranéenne, reprise début 2008, vient d’être sermonnée par les autorités algériennes pour avoir pratiqué l’assurance-frontières sans autorisation. Son directeur général a dans la foulée été suspendu de ses fonctions. « Le choix de proposer l’assurance-frontières a été fait en l’absence d’une décision du conseil d’administration », explique Vincent Le Guennou, qui précise que l’activité de l’assureur algérien se porte toutefois très bien. Malgré les difficultés, inhérentes au métier du capital-investissement, le fonds Africa Fund II générerait d’ailleurs toujours un retour sur investissement. Une bonne nouvelle pour les souscripteurs. Mais il est peu probable que Rémy Baysset s’en contente.
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