Au bord du gouffre
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Depuis le renversement de l’autocrate ex-communiste Kourmanbek Bakiev, en avril, le Kirghizistan est en plein chaos. Dans le sud du pays, où vit une importante minorité ouzbek (40 % de la population), des affrontements intercommunautaires, parfois véritables pogroms, ont fait quelque 2 000 morts et 115 000 réfugiés (ou déplacés). Tandis que les clans politico-mafieux s’affrontent et que la corruption prolifère, le gouvernement transitoire tente d’asseoir sa légitimité en faisant adopter une nouvelle Constitution par le biais d’un référendum, le 27 juin. À trois jours de la consultation, personne n’était assuré qu’elle ne dégénère pas en nouveaux affrontements. Ni même qu’elle puisse avoir lieu.
Tandis que les Chinois rapatrient à la hâte leurs ressortissants, nombreux dans le secteur de l’énergie, Russes et Américains hésitent à s’engager dans ce bourbier. Les premiers suivent les convulsions de leur ex-satellite avec inquiétude, mais veulent croire que, peu à peu, les choses s’arrangeront. Les seconds, qui disposent à Manas, près de Bichkek, la capitale, d’une base militaire très utile pour acheminer des troupes en Afghanistan, sont sur la même longueur d’onde. Les uns et les autres craignent par-dessus tout qu’un effondrement du fragile État kirghiz ne laisse le champ libre aux islamistes radicaux, très actifs dans la région, notamment dans la vallée de Fergana, un fief djihadiste situé de l’autre côté de la frontière avec l’Ouzbékistan.
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