Blocus light
L’allègement par l’État hébreu de l’embargo sur certaines marchandises à usage civil n’est-il que de la poudre aux yeux ?
![Inspection d’un chargement de marchandises au point de pasage de Kerem Shalom, le 21 juin 2010. © Sipa](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/07/04/004072010113211000000gazap59.jpg)
Inspection d’un chargement de marchandises au point de pasage de Kerem Shalom, le 21 juin 2010. © Sipa
De l’huile mais pas de viande ; des insecticides mais pas de livres ni de crayons… Jusqu’au 20 juin, « pour des raisons de sécurité », seuls une centaine de produits étaient autorisés à entrer à Gaza, sous blocus total depuis plus de trois ans. La liste, jamais officiellement établie, était à la fois absurde et aléatoire. Soumis à d’intenses pressions internationales depuis l’attaque meurtrière d’une flottille humanitaire au large de Gaza, le 31 mai, le gouvernement israélien a annoncé, le 17 juin, qu’il allait alléger le blocus.
Désormais, les biens interdits sont répertoriés : les armes mais aussi les matériaux de construction, comme le ciment, dont les Gazaouis ont cruellement besoin pour la reconstruction après les ravages causés par l’opération Plomb durci de l’hiver 2008-2009. Les « produits à usage civil » sont autorisés, comme la nourriture et le carburant.
Mais dès le 24 juin, l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine, l’UNRWA, a émis « des doutes sur la mise en œuvre » de ce nouveau système, Israël ayant déjà introduit des restrictions.
Depuis le 21 juin, 130 camions par jour en moyenne sont autorisés à entrer dans Gaza, « soit 17 % de plus qu’auparavant », indique Raed Fattouh, un agent douanier gazaoui, à l’agence palestinienne Maan News. « Gaza va rester en situation de non-économie », estime Karim Lebhour, journaliste français établi à Gaza depuis trois ans. L’approvisionnement est encore trop faible pour réduire la contrebande via les tunnels depuis l’Égypte.
Le blocus limite la circulation des biens mais aussi des personnes. Gaza reste une prison à ciel ouvert : L’État hébreu contrôle toujours les frontières terrestres et maintient le blocus maritime. « Israël conserve sa stratégie de blocus, rappelle Karim Lebhour. Elle a commencé bien avant la prise de pouvoir par le Hamas : les mesures d’isolement de Gaza se sont multipliées depuis 1991. »
Le risque de ce blocus light est de voir la communauté internationale le juger supportable… et s’en accommoder.
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