Les sceptiques avaient raison
Lorsque les 147 chefs d’État présents à New York pour le sommet mondial de 2000 avaient retenu les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), les sceptiques avaient été taxés de défaitisme. Ils avaient pourtant raison. Cinq ans avant la date butoir de 2015, seul le premier objectif (réduire de moitié la pauvreté) est en passe d’être atteint (voir graphique). En 1990, 1,8 milliard de personnes vivaient avec moins de 1,25 dollar ; elles devraient être 920 millions dans cinq ans. Le progrès est notable mais cache de fortes disparités entre l’Asie, qui profite de son boom économique, et l’Afrique subsaharienne, qui peine à atteindre les 7 % de croissance nécessaires pour atteindre les OMD.
En réalité, le continent est à la traîne sur l’ensemble des indicateurs retenus (éducation primaire pour tous, égalité des sexes, réduction de la mortalité infantile, amélioration de la santé maternelle, lutte contre les maladies infectieuses…). « La crise économique et financière a eu des répercussions sur la capacité des États, mais cela ne doit pas servir d’excuse », a déclaré Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. Pas plus que les pays riches n’ont de justifications recevables à donner pour expliquer qu’ils n’ont pas tenu leurs engagements. Seuls cinq pays donateurs (Danemark, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège et Suède) consacrent 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD). Le montant total de l’APD a été de 119,6 milliards de dollars (96 milliards d’euros) en 2009 (0,31 % du RNB). En 2010, les prévisions sont à 108 milliards seulement. Des 25 milliards additionnels qui lui avaient été promis lors du sommet du G8 de Gleneagles en 2005, l’Afrique ne recevra finalement cette année que 11 milliards.
Reste à établir l’efficacité de ces objectifs. « L’expérience montre que la croissance économique est la principale source d’éradication de la pauvreté. L’approche du “tout-social” des OMD est une erreur », estime Serge Michailof dans son livre Notre maison brûle au Sud (Fayard, 2010).
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