Un accident et des questions
Le 23 juin, deux jours après le déraillement du train « Océan », le service avait déjà repris. Sans que soient pour autant éclaircies les raisons du dramatique accident du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui a fait au moins 54 morts et plus de 600 blessés.
Pourquoi, vers 21 heures, dans la nuit du 21 au 22 juin, à Yanga (à environ 60 km de Pointe-Noire), les six wagons se sont-ils renversés de part et d’autre de la voie ferrée ? Les premières explications avancées – excès de vitesse et état d’ébriété du conducteur du train – sont-elles valables, alors que l’opposition dénonce la responsabilité du gouvernement, qui n’aurait « rien fait » pour prévenir ce genre de drame ?
Premier constat : le train était manifestement bien rempli, puisque, selon le nombre de billets vendus, il transportait 904 voyageurs, sur une capacité totale de 1 084 passagers. Fréquentation à laquelle il faut cependant ajouter les clandestins, familièrement surnommés « cabris », qu’il est difficile de dénombrer et dont certains voyageaient sur les toits des wagons. Mais la solidité du matériel ne semble pas devoir être mise en cause. De fabrication américaine (General Motors), la locomotive provenait d’Afrique du Sud. Pas de problème non plus du côté des wagons, qui, affirme le CFCO, avaient été réhabilités dans le cadre du programme de modernisation de l’entreprise engagé en 2007 et financé par l’État. Quant au tronçon de la voie ferrée sur lequel a eu lieu l’accident, il avait été renouvelé entièrement en 1989.
Ces éléments, et en particulier l’hypothèse d’une erreur humaine, devront être confirmés par une enquête technique plus approfondie, qui va être lancée très prochainement.
En pleine phase de rénovation sous la houlette de son directeur général, le Français Sauveur Elbez (ancien cadre de la SNCF et spécialiste de l’Afrique), le CFCO n’avait pas besoin de ce drame. L’accident du 21 juin ne va guère contribuer à rétablir la confiance…
Heureusement, dès l’alerte de l’accident donnée, toute la ville de Pointe-Noire a fait preuve de solidarité, en offrant notamment des médicaments. Le préfet du département a mis en place immédiatement une cellule de crise, offrant aux blessés tout ce que la ville compte de médecins et de secours. La compagnie aérienne TAC a même affrété deux vols pour évacuer les blessés et des voyageurs vers Brazzaville et Dolisie. Quant à l’État, il a pris en charge les obsèques (un emplacement a été attribué dans le cimetière de Pointe-Noire), les soins et le retour des voyageurs dans leurs foyers, tout en décrétant un deuil national de trois jours.
Dernière question pendante : l’indemnisation des victimes. « Une commission juridique sera mise en place pour étudier les contentieux », a annoncé Isidore Mvouba, le ministre des Transports. Dans le passé, le CFCO a connu trois graves accidents, dont celui de septembre 1991, qui a fait 151 morts. À ce jour, aucune victime n’a été indemnisée…
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