Bassolé « garde espoir »
Médiateur de l’ONU et de l’Union africaine pour le Darfour, le Burkinabè Djibril Bassolé conduit depuis le 7 juin un nouveau round de négociations, à Doha. Toujours en l’absence du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), le principal mouvement de rébellion.
Jeune Afrique : À quand un accord global ?
Djibril Bassolé : Nous espérons conclure à la mi-juillet au moins des accords partiels, notamment sur le partage équitable des ressources entre le pouvoir central et le pouvoir darfourien. Dès le 29 juin, nous négocierons le retour volontaire des déplacés, soit plus de 2 millions de personnes.
Le JEM [Mouvement pour la justice et l’égalité, NDLR] de Khalil Ibrahim ne participe pas aux discussions…
Tant que nous ne parviendrons pas à y associer tous les mouvements impliqués dans le conflit, la paix restera menacée. Parce que celui qui refusera d’adhérer fera tout pour prouver que nous avons eu tort de conclure un accord sans lui. Et parce que le gouvernement sera davantage préoccupé par le maintien de la sécurité que par l’application d’un plan de paix. C’est ce qui est arrivé au Darfour Peace Agreement, conclu en 2006 à Abuja. Il n’a pas été appliqué à cause de la menace du JEM et des mauvaises relations entre le Tchad et le Soudan.
Comment convaincre le JEM ?
Ce ne sera pas facile. Khalil Ibrahim émet des conditions dont certaines sont impossibles à satisfaire, comme de revenir au Darfour sous la protection de la mission onusienne. Le gouvernement l’acceptera d’autant moins que les combats ont repris. Khalil suggère que son mouvement est le seul avec lequel il faut négocier. Or nous ne pouvons accepter d’exclure les autres.
La réconciliation tchado-soudanaise a-t-elle influé sur le processus ?
C’est un facteur très important. En février, les Tchadiens ont pris l’engagement que leur territoire ne servirait plus de base arrière aux rebelles. En mars, ils se sont opposés à la tentative de Khalil de rejoindre le Darfour via N’Djamena. Il a été intercepté à l’aéroport, dépouillé d’un certain nombre de documents de voyage [son passeport tchadien a été déchiré, NDLR], puis envoyé en Libye, où il réside désormais.
Depuis, les combats ont repris…
Lorsque le JEM a été contraint de quitter le territoire tchadien, il a tenté de s’implanter au Darfour. D’où de sanglants affrontements : pas moins de 600 morts, dans les deux camps, pour le seul mois de mai.
Abdelwahid Nour, le chef de l’Armée de libération du Soudan, est en France…
Il a toujours refusé de s’asseoir à la table des négociations et exige au préalable que les milices Djandjawids soient désarmées, que la sécurité soit assurée et que les déplacés soient réinstallés sur leurs terres. Mais qu’y aurait-il à négocier si ces préalables étaient levés ? Je garde cependant espoir d’obtenir son adhésion : même si, sur le terrain, il n’a pas autant de troupes que le JEM, c’est le chef historique de la rébellion.
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