L’Afrique n’y arrive pas

Une fois encore, seule une équipe du continent – le Ghana – a survécu au premier tour. Il est temps pour les dirigeants du football en Afrique de tirer les leçons de cet échec.

Supporteurs sud-africains à Bloemfontein, le 22 juin. © Jorge Silva/Reuters

Supporteurs sud-africains à Bloemfontein, le 22 juin. © Jorge Silva/Reuters

Alexis Billebault

Publié le 1 juillet 2010 Lecture : 2 minutes.

Ils étaient six. Jamais l’Afrique n’avait eu autant de représentants dans une phase finale de Coupe du monde. L’octroi de l’organisation à la nation Arc-en-Ciel avait permis au continent de gonfler son quota et de se donner une chance de se faire remarquer. Hélas, au crépuscule du premier tour, le bilan rappelait ceux des éditions précédentes. Jamais les huitièmes de finale n’ont compté plus d’une sélection africaine (et encore, seulement depuis le Maroc, en 1986).

Cette année encore, le compteur est resté bloqué, avec, dans la peau du sauveur, le Ghana, qui avait déjà joué ce rôle en 2006 en Allemagne. Les raisons de cet échec collectif sont multiples et facilement dissociables. Car on ne pouvait pas espérer les mêmes résultats de l’Afrique du Sud – qui restera dans l’Histoire comme le premier pays hôte à ne pas survivre au-delà du premier tour – et de l’Algérie que du Cameroun, de la Côte d’Ivoire ou encore du Nigeria.

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Des sélectionneurs pas très au fait des réalités africaines

Les Nigérians comme les Ivoiriens, en nommant tardivement deux sélectionneurs (les Suédois Lars Lagerbäck et Sven-Göran Eriksson), ont pris un risque énorme, presque inconsidéré, à quelques mois de la phase finale du Mondial. Pourquoi la fédération nigériane a-t-elle remercié Shaibu Amodu, qui avait conduit les Super Eagles à la troisième place de la Coupe d’Afrique des nations 2010, pour installer à sa place un sélectionneur certes reconnu et donc très cher (1,5 million d’euros pour cinq mois), mais trop ignorant des réalités du football africain ?

Pourquoi Jacques Anouma, le président de la fédération ivoirienne, s’est-il séparé de Vahid Halilhodzic à cause d’une élimination en quart de finale de la CAN angolaise, pour le remplacer par Eriksson, payé 650 000 euros pour trois mois ? En congédiant (par fax !) Halilhodzic, Anouma a cédé à la pression de la rue, sans doute aussi pour sauver sa propre tête. Le Cameroun, lui, a été victime à la fois de conflits internes, de joueurs trop sûrs d’eux avant le premier match face au Japon (0-1), et de certains choix tactiques de Paul Le Guen.

Demain, Parreira, Le Guen, Eriksson et Lagerbäck ne seront plus là (peut-être reverrons-nous un jour des techniciens locaux à la tête des sélections nationales…). Leurs remplaçants arriveront sans doute tardivement, alors que les éliminatoires de la CAN 2012 doivent débuter en septembre. Le football africain voit certaines de ses étoiles briller en Europe (Eto’o, Drogba, Adebayor, Yaya Touré…) et ses moyens augmenter. Mais tant que ses dirigeants banniront les mots « vision », « raison » et « stabilité » de leur vocabulaire et de leurs stratégies, l’Afrique regardera les autres progresser…

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