Michael Jackson, encore et toujours…
Un an après la mort du roi de la pop, survenue le 25 juin 2009, des rumeurs, toutes plus extravagantes les unes que les autres, circulent. De quoi entretenir la Jacksonmania, ainsi qu’un juteux commerce…
Vous l’ignorez peut-être, mais Michael Jackson n’est pas mort ! L’icône de la pop, dont le monde entier a pleuré la perte le 25 juin 2009, s’apprête à ressusciter. Toute l’année, ses fans ont attendu son retour. En décembre 2009, des médiums ont aperçu son fantôme rôder dans les couloirs de Neverland, sa propriété à Santa Barbara, en Californie. À Pâques, des milliers d’admirateurs se sont réunis aux quatre coins du monde pour assister à sa résurrection. Michael Jackson n’est pas apparu, mais ils ne désespèrent pas. « C’est encore un canular de sa part. Il prépare un retour triomphal et va surprendre tout le monde », veut croire très sérieusement Kevin, 30 ans, un membre français de son fan-club.
« Déni de mort »
Depuis la mort du roi de la pop, les théories les plus folles circulent sur son compte. Bien sûr, on peut l’expliquer par ce que les psychanalystes appellent le « déni de mort », un phénomène qui concerne les stars, de préférence décédées jeunes à l’issue d’un destin tragique. Elvis, James Dean ou Tupac sont à ce titre des cas d’école… Mais avec Michael Jackson tout est disproportionné, et internet amplifie le phénomène. Sur la Toile, certains penchent pour la théorie du complot : on voudrait, disent-ils avec aplomb, nous faire croire qu’il est mort alors que personne n’a vu sa dépouille et que son cercueil est resté fermé au cours de son enterrement.
Mais alors, où est Michael ? Pour certains, il se dissimule sous les traits de Dave Dave, un grand brûlé dont la star a payé les soins médicaux. Invité lors du talk-show Larry King Live, Dave Dave a provoqué l’émoi des fans, qui ont cru reconnaître en lui la physionomie, la gestuelle et même le son de la voix de Bambi. Plus tordus, certains prétendent que Michael était là… lors de son enterrement. De fins observateurs ont remarqué dans l’assistance la présence d’un mystérieux homme à moustache, portant des lunettes noires et affichant un sourire énigmatique. « Tout le monde sait que Michael adorait se déguiser et qu’il était passé maître dans cet art. Je suis sûr qu’il se cache pour mieux réapparaître », écrit Laurie, sur un site dédié au chanteur.
Mauvais goût
Pourtant, la réalité est plus sordide. Aux yeux de la loi et des médecins qui l’ont autopsié, Michael Jackson est bel et bien mort. Une catastrophe pour la société de production AEG Live, qui comptait engranger 400 millions de dollars (320 millions d’euros) avec la dernière tournée mondiale de la star, « This Is It ». Les assureurs devraient lui verser 24 millions de dollars, mais la société évalue quand même ses pertes à près de 40 millions de dollars. Ses enfants, Prince Jr, Paris et Blanket, devraient toucher, selon le Daily Mail, près de 33 millions de dollars chacun à leur majorité.
Quant aux parents du défunt, Joe et Katherine, ils ont encore une fois prouvé qu’ils étaient redoutables en affaires. Vente de reliques de la star, organisation d’expositions à Londres, New York ou Tokyo, la Jacksonmania rapporte gros. Comble du mauvais goût, Joe et Katherine ont dernièrement mis en vente une « ceinture commémorative » signée par leurs soins pour la modique somme de 1 500 dollars. Quatre mois après la mort de son fils, le tyrannique Joe annonçait son projet de construire à Gary, une banlieue sinistrée de Chicago où ont été élevés les enfants Jackson, un complexe pharaonique de 300 millions de dollars. Hôtels, restaurants, golf, animations, Joe se voit déjà en patron d’un Disneyland à la gloire de ses progénitures. D’après les prévisions, ce complexe pourrait annuellement attirer 750 000 visiteurs et générer 150 millions de dollars.
« Mon fils vaut plus mort que vivant », a osé Joe Jackson. Pourtant, les faits sont là : depuis la disparition de l’artiste, la valeur Michael Jackson a flambé. « Un mois après sa mort, un portrait de Michael Jackson réalisé par Andy Warhol a été vendu 812 500 dollars. Pourtant, en 2008, ce tableau n’avait trouvé aucun preneur », explique un directeur des ventes de la célèbre maison Christie’s. L’engouement de certains fans frise même la démence. Le magazine Rolling Stone révélait il y a quelques mois que des admirateurs hystériques cherchaient à acquérir des prothèses nasales qu’avait l’habitude de porter le chanteur, défiguré par la chirurgie esthétique… Pour ceux qui ne se remettent pas de la mort du chanteur, l’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft a même créé Beat It, un jeu qui devrait sortir en novembre. Les amateurs pourront, grâce à un système de capteurs ultraperfectionné, se glisser dans la peau de la star et chanter et danser en même temps que lui.
Récit biblique
Du côté de Sony, sa maison de disques, on a de quoi se réjouir. Alors que ses derniers albums s’étaient mal vendus, Michael Jackson mort renoue avec la légende d’Off the Wall et de « Billie Jean ». Lui qui avait vendu près de 750 millions de disques de son vivant est en passe de battre de nouveaux records. Pendant les sept semaines qui ont suivi sa mort, 18 millions de ses albums s’étaient vendus dans le monde. Et Sony s’apprête à sortir des coffrets, des éditions limitées et des inédits du chanteur. En espérant qu’ils connaîtront le même succès que This Is It, le film qui retrace la préparation de la dernière tournée du chanteur. Trois semaines seulement après la sortie du film, Sony avait engrangé près de 200 millions de dollars.
Monté à partir des images des dernières répétitions de Michael Jackson, This Is It donne un aperçu de ce qu’aurait pu être sa dernière tournée. On y découvre un artiste fatigué certes, mais qui n’a rien perdu de sa grâce. Le spectacle est à son image : démesuré, travaillé jusque dans les moindres détails. Venus du monde entier, des danseurs plus talentueux les uns que les autres passent les auditions avec un seul rêve : faire partie de la troupe du plus grand chanteur pop. Le film prend parfois des accents de récit biblique où le prophète, entouré de ses apôtres, donne les dernières mesures de son art. De sa voix enfantine, il répète inlassablement : « Love, L-O-V-E, for all of you » (« de l’amour pour vous tous »).
« This Is It » aurait dû être un succès. En quelques heures, toutes les places de concert avaient été vendues. Sali par des affaires de pédophilie, en perte de vitesse artistique, moqué par la presse pour ses transformations physiques, Michael Jackson n’en a pas moins conservé toute sa vie l’un des plus importants fan-clubs du monde. Ses adorateurs, très actifs, se considèrent comme les véritables gardiens de sa mémoire. Récemment, France 4 a dû déprogrammer le documentaire qu’elle prévoyait de diffuser pour le premier anniversaire de la mort de Michael : Living With Michael Jackson, de Martin Bashir. Dans ce film, le chanteur est accusé de pédophilie, et le journaliste affirme avoir été témoin de « scènes étranges » à Neverland. Devant l’indignation des fans, qui ont inondé la Toile de protestations, France 4 a reculé.
Depuis la mort du chanteur, ses admirateurs n’ont qu’un nom à la bouche : celui du Dr Conrad Murray, médecin particulier de la star qu’ils considèrent comme responsable de son décès. À l’issue d’une enquête de police qui a montré que le chanteur était mort après une injection de médicaments, le Dr Murray a été inculpé d’homicide involontaire. Le 14 juin, des centaines de fans étaient massés devant le tribunal de Los Angeles pour l’accueillir aux cris de « Justice for Michael ». Le médecin, qui plaide non coupable, devrait être fixé sur son sort à la fin du mois d’août. En attendant, l’éternel zombie de Thriller n’en finit pas de jouer les morts vivants…
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