Berne boit le calice jusqu’à la lie

La Confédération helvétique signe avec la Jamahiriya un accord qui met un point final à une rocambolesque crise diplomatique. Non sans renouveler ses excuses à Kadhafi.

De g. à dr., Silvio Berlusconi, Mouammar Kaddafi et Micheline Calmy-Rey, le 13 juin à Tripoli. © AFP

De g. à dr., Silvio Berlusconi, Mouammar Kaddafi et Micheline Calmy-Rey, le 13 juin à Tripoli. © AFP

Publié le 23 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

En août 2009, Hans-Rudolf Merz, alors président de la Confédération helvétique, était allé présenter ses excuses aux Libyens pour l’arrestation, dans des conditions jugées humiliantes, de Hannibal Kadhafi, le fils du « Guide », le 15 juillet 2008, à Genève, à la suite d’une plainte de deux de ses domestiques, retirée quelques semaines plus tard. Le 14 juin, la Confédération helvétique a renouvelé ses excuses à la Libye et signé avec elle, à Tripoli, un accord mettant un point final à la brouille entre les deux pays.

Amers, la plupart des médias suisses dénoncent une nouvelle capitulation. « La Confédération a dû s’humilier devant le clan Kadhafi », estime la Télévision suisse romande. Et la presse écrite de lui emboîter le pas : « Échec [de la Suisse] sur toute la ligne », « la Suisse a tendu l’autre joue », « la diplomatie suisse a été mise sous tutelle ». « À Tripoli, c’est sous l’œil des Européens que [Micheline] Calmy-Rey [chef de la diplomatie suisse, NDLR] a abdiqué », note un quotidien. Cette dernière, reçue par le « Guide » en compagnie de son homologue espagnol, Miguel Ángel Moratinos, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, et du président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a ramené dans son avion l’homme d’affaires suisse Max Göldi, « retenu » et emprisonné en Libye depuis deux ans.

la suite après cette publicité

Jusqu’au bout, les deux parties de cette rocambolesque crise diplomatique ont joué au « tit for tat », se rendant coup pour coup. À la « liste noire » suisse, qui a privé pendant plusieurs mois 180 membres du clan Kadhafi de visas Schengen, avait répondu la décision libyenne de ne plus accueillir de visiteurs européens. « Œil pour œil, dent pour dent », avait averti Aïcha Kadhafi, accourue à Genève il y a deux ans pour soutenir son frère. « La Libye n’a fait aucune concession », a tenu à souligner Moussa Koussa, le ministre libyen des Affaires étrangères. Pour accepter la normalisation des relations bilatérales, Tripoli a exigé que soient engagées des poursuites contre le responsable de la fuite qui a permis à un journal suisse de publier une photo judiciaire de Hannibal. Et si elles n’aboutissent pas, ce dernier devrait alors recevoir une somme avoisinant 2 millions de francs suisses (1,4 million d’euros). Une compensation, pour certains, une rançon pour d’autres.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

L’homme d’affaires suisse Max Göldi le 22 février. © AFP

Le Suisse Max Göldi relâché par Tripoli

Mouammar Kaddafi fait monter la pression dans ses relations avec la Suisse © AFP

Kadhafi appelle au djihad contre la Suisse

Rachid Hamdani (à g) et Max Göldi, les deux citoyens suisses retenus en Libye depuis juillet 2008 © AFP

Libye-Suisse : la guerre des visas

Contenus partenaires