Laïd Benamor : « Nous constatons une volonté et un dynamisme remarquable des investisseurs privés »

Le groupe familial figure parmi les plus grandes entreprises privées algériennes. Laïd Benamor, actuel PDG du groupe, livre à Jeune Afrique son témoignage sur les conditions du secteur privé algérien.

Pour Laïd Benamor, la règle de 51/49 ne constitue pas réellement un frein à l’investissement étranger. © Vincent Fournier/JA

Pour Laïd Benamor, la règle de 51/49 ne constitue pas réellement un frein à l’investissement étranger. © Vincent Fournier/JA

Publié le 26 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

Spécialisé dans l’agroalimentaire (conserverie alimentaire, production de pâtes, de semoule et de couscous), le groupe familial Benamor figure parmi les plus grandes entreprises privées algériennes, avec un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2011. Fort de ses résultats, le groupe a fait son entrée à la 433 ème place du classement exclusif des 500 premières entreprises du continent réalisé par Jeune Afrique. Le fils du défunt fondateur et actuel PDG du groupe, Laïd Benamor, livre son témoignage sur les conditions du secteur privé algérien.

Jeune Afrique : Quel est votre sentiment sur le développement du secteur privé en Algérie ?

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Laïd Benamor : Depuis une dizaine d’années, nous constatons une volonté et un dynamisme remarquables des investisseurs privés. Les chefs d’entreprises veulent participer pleinement au processus de relance économique. J’ai personnellement toujours plaidé pour que l’entreprise privée soit au centre de notre politique de développement. Avec des encouragements, le secteur privé, malgré sa taille relativement modeste, peut graduellement apporter cette valeur ajoutée et cette productivité qui nous manquent et qui expliquent notre dépendance aux importations. Les pouvoirs publics ont enfin pris conscience de cette réalités évidente. Ils s’emploient à inverser la tendance en mettant en place un certain nombre de mesures. Mais aujourd’hui, il faut passer de la parole à l’acte et s’assurer de l’application sur le terrain des directives du gouvernement. Vous savez, on a tellement durci les procédures qu’il est difficile de les assouplir rapidement.

Quels sont les principaux freins qui empêchent le secteur privé de se développer ?

Certes, des lourdeurs bureaucratiques existent à tous les niveaux, mais rien n’est insurmontable lorsqu’on a la volonté de réussir et d’aller de l’avant. La politique de concertation mise en place par notre Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a permis d’aborder avec sérénité les solutions aux blocages qui rendent l’investissement difficile. Les premières mesures prises par l’actuel gouvernement vont dans le sens souhaité par les chefs d’entreprises. Néanmoins des obstacles demeurent toujours. Ils sont essentiellement liés à la bureaucratie, à la centralisation des décisions et à un système financier pas encore assez réactif. Sur ce dernier point, le Premier ministre a ordonné que les banques allègent les procédures et les délais d’octroi des crédits a l’investissement, en début d’année.

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Inversement, que fait l’État pour aider le secteur privé ?

Depuis quelques mois, nous assistons à une réelle volonté des pouvoirs publics pour propulser le secteur privé. Un dialogue permanent s’est instauré. D’ailleurs, la loi de finances 2013 est beaucoup plus favorable au secteur privé. Il y a aussi un encouragement à la création de partenariats public-privé. À mon sens, cela contribuera fortement à la création de valeur dans l’économie nationale.

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Avez-vous des difficultés particulières dans vos activités d’exportation ?

Malgré l’existence de certaines contraintes, nous exportons aujourd’hui nos produits vers plusieurs pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Moyen-Orient sans difficultés majeures. Les premiers résultats nous incitent à travailler davantage pour gagner la bataille de la compétitivité. La réussite dans le domaine des exportations est avant tout une affaire de qualité et de prix des produits que vous mettez sur le marché international.

Quelle est votre opinion sur la règle des 51/49 ?

De mon point de vue, la règle de 51/49 ne constitue pas réellement un frein à l’investissement étranger, compte tenu du potentiel de notre pays. Le marché Algérien est émergent et prometteur. J’ajouterai aussi que des mesures de facilitation ont été mises en place par les autorités, afin d’accompagner les opérateurs étrangers dans le montage de leurs projets en Algérie. Le problème ne se situe pas dans l’énoncé du dispositif, mais plutôt dans la stabilité du cadre juridique à même d’instaurer un climat de confiance.

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