On coupe le son ?

La Fifa serait-elle un repaire de dangereux misogynes aux goûts musicaux discutables ? Comment expliquer que, lors du match Pays-Bas - Danemark (2-0), elle ait contraint de jeunes et avenantes Néerlandaises à quitter les tribunes du Soccer City Stadium, à Johannesburg, sous le fallacieux prétexte qu’elles portaient des minirobes aux couleurs de Bavaria, une marque de bière qui ne fait pas partie des sponsors de la Coupe du monde ? Trente-quatre blondes ont été interrogées dans les locaux de la Fifa comme de vulgaires voleurs de vuvuzelas. Mais deux autres ont comparu devant un tribunal de Jo’burg. On a frôlé l’incident diplomatique…

Et pendant ce temps, les vuvuzelas, devenues un vrai business, continuent d’envahir les tribunes. Soyons francs, elles tapent sur les nerfs de beaucoup de monde : joueurs, entraîneurs, spectateurs (ceux, du moins, qui ne passent pas leur temps à souffler comme des sourds dans ces redoutables trompes) et, bien sûr, téléspectateurs. Mais sont-elles vraiment plus insupportables que les commentaires de certains spécialistes appointés ?

Le son produit – qui peut être dangereux pour le système auditif – rappelle le bourdonnement de milliers d’essaims d’abeilles. Mais la Fifa et le comité d’organisation local ne veulent pas entendre parler d’une éventuelle interdiction. Les vuvuzelas sont, paraît-il, un symbole culturel de l’Afrique du Sud depuis… à peine vingt ans. En 2009, après la Coupe des confédérations, Joseph Blatter, droit dans ses bottes, avait juré qu’elles ne seraient pas bannies des stades. Il a tenu parole, malgré les plaintes, que le bruit des « vuvus » a sans doute couvertes. Des modèles moins bruyants seront néanmoins commercialisés pour la suite de la compétition…

Hormis cette polémique, la Coupe du monde ne se porte pas si mal. Les stades sont de vraies réussites architecturales, les cas de vols et d’agressions sont rares, les hooligans sont muselés et la qualité des retransmissions est excellente. Bien sûr, les embouteillages et les problèmes de transport dissuadent nombre de spectateurs de se rendre au stade, tandis que les agents de sécurité d’une entreprise locale, las de recevoir « des cacahuètes » en guise de salaire, ont, après des affrontements avec les flics locaux, guère réputés pour leur finesse, cessé le travail. Quant au niveau de la compétition, il tarde vraiment à décoller. Mais là, les vuvuzelas n’y sont pour rien !